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n’avait pas tué cette femme ; son suffrage universel, fonctionnant à peu près comme le vôtre, dans la même lumière et dans la même liberté, aurait pu affirmer par sept millions cinq cent mille voix que le divin césar Néron, pontife et empereur, n’avait fait aucun mal à cette femme qui était morte ; sachez cela, monsieur, Néron n’aurait pas été « absous » ; il eût suffi qu’une voix, une seule voix sur la terre, la plus humble et la plus obscure, s’élevât au milieu de cette nuit profonde de l’empire romain et criât dans les ténèbres : Néron est un parricide ! pour que l’écho, l’éternel écho de la conscience humaine, répétât à jamais, de peuple en peuple et de siècle en siècle : Néron a tué sa mère !

Eh bien ! cette voix qui proteste dans l’ombre, c’est la mienne. Je crie aujourd’hui, et, n’en doutez pas, la conscience universelle de l’humanité redit avec moi : Louis Bonaparte a assassiné la France ! Louis Bonaparte a tué sa mère !