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NOTES DE L’ÉDITEUR.

I
HISTORIQUE DE FRANCE ET BELGIQUE. — ALPES ET PYRÉNÉES.
VOYAGES ET EXCURSIONS.



Dans le courant de l’année 1825, Victor Hugo avait formé le projet de faire, au mois d’août, un voyage au mont Blanc. Il avait confié son désir à Lamartine qui, le 25 juin 1825, lui écrivait de Chambéry :

Je suis tout près du Mont-Blanc, que n’y venez-vous tout de suite ? Mais au mois d’août, je ne ferai que rentrer au gîte, et il me sera bien difficile, comme je vous l’ai dit, de vous y accompagner de nouveau. Mais venez toujours à Saint-Point, en passant, me donner un ou huit jours, je vous mettrai sur le chemin.

Venir tout de suite ! c’était chose difficile ; il fallait se créer quelques ressources, et le voyage était d’autant plus coûteux que Victor Hugo voulait emmener sa femme et sa petite Léopoldine âgée de quelques mois, et une servante. Or il n’était pas riche. Il s’était ouvert de ses intentions à Charles Nodier ; les deux amis avaient eu une idée lumineuse : « Si nous racontions notre voyage, nous trouverions bien un éditeur et les frais seraient couverts par cette publication. » Et les voilà tous deux qui développent leur plan : le récit s’appellerait : Voyage poétique et pittoresque au mont Blanc et à la vallée de Chamonix. Lamartine donnerait des méditations, Taylor procurerait des dessins.

On se mit en quête d’un éditeur. On le trouva. C’était Urbain Canel. Le traité fut conclu dans le courant de juin. Lamartine devait recevoir 2,000 francs pour quatre méditations ; Taylor 2,000 francs pour huit dessins ; Victor Hugo 2,250 francs pour quatre odes et quelques pages de prose ; Nodier 2,250 francs pour la rédaction du voyage. Tous les contractants avaient signé le traité, sauf Lamartine. Nos deux voyageurs avaient le viatique nécessaire, car l’éditeur avait promis de leur verser immédiatement à chacun un à-compte de 1,750 francs.

Armé de ce traité, Victor Hugo ne doutait pas qu’il vaincrait les dernières résistances de Lamartine.

En juillet il avertit son ami de ses dernières résolutions. Lamartine lui répondit :

Mon cher Victor, on vient de m’envoyer une lettre de vous relative à votre projet de voyage aux glaciers ; mais il y a longtemps que je vous ai écrit qu’il ne me serait pas possible de m’y joindre, ni de corps ni d’esprit ; souvenez-vous que, quand vous me le proposâtes, je venais même de prendre avec un libraire des engagements d’une nature trop opposée et qui m’interdisaient la faculté de rien imprimer que par lui : cet engagement a été à moitié rompu depuis, mais non pas tellement qu’il ne doive se renouer. Cepen-