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10 octobre. — Visité l’Hôtel de ville. J’y suis reçu par le bourgmestre d’Ypres. Intérieur délabré et défiguré. Très belles salles gothiques avec restes de peintures murales. Le bourgmestre me conduit, accompagné du premier échevin et de l’archiviste, sous le toit, immense salle, ancien lieu d’exposition des drapiers du temps qu’Ypres avait 200 000 habitants. Très belle charpente du comble en essence de châtaignier.

Visite aux archives. Un coffre du 13e siècle en bois. Très curieux. Très précieux manuscrit des coutumes et us des drapiers. Très rare comme manuscrit laïque. Le bourgmestre m’offre le diplôme de membre honoraire de la société des antiquaires d’Ypres.

Visite à la grande église. Très belle nef du 14e siècle. — Portrait de Jansenius. Tombeau de Jansenius devant l’autel. Une simple pierre avec une croix et une date.

Vu le musée. Le premier avocat d’Ypres et le substitut du procureur

du roi nous accompagnent. Vitrine pleine d’instruments de torture, achetés il y a 50 ans comme vieux fer par MM. Carton et Vandepereboom, au moment où l’on allait en faire une ancre.


Lame à scier les cous. Fer emmanché de bois pour brûler les dos. Traces de brûlure sur le bois. Engins à écraser les bras. Cela se serre avec des écrous. Engins à écraser les doigts.

Collier à suspendre le patient armé de pointes en dedans. Quatre rangs de pointes, quatre anneaux, quatre cordes, quatre poulies aux quatre murs de la chambre. Tout cela servait encore au siècle dernier. Divers procès-verbaux de torture. Un de 1712, en flamand. — Vitrine où est la tenaille de fer dont on a supplicié huit échevins au 15e siècle. Longue et lourde. En face, vitrine où est l’épée à mains qui a coupé la tête d’Egmont et de Horn, rapportée par l’évêque d’Ypres qui les avait