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de bayonne à pau.
notes. —
[14 août.]

Quatre heures du matin. — Impériale. — Brumes. — Grandes plaines. — Le soleil dans les yeux. — Une traînée de vapeurs marque à droite le gave de Pau. — Vers midi on ne distinguait les Pyrénées qu’à quelques stries blanches à l’horizon, comme si la robe bleue du ciel éraillée par places laissait voir sa trame d’argent. À un gros bourg, à Bianvos, je crois, colline surmontée d’une belle ruine. Plus loin Peyrehorade. Le nom semble indiquer un ancien gnomon, peut-être un peulven dont l’ombre en tournant disait l’heure.

Orthez. — Belle et haute tour carrée des anciens vicomtes. Ville gaie et ouverte au soleil. À l’entrée de la ville, des paysannes allant au marché mettaient naïvement leurs bas dans la rue.

Dans une jolie vallée déserte deux femmes menaient paître un troupeau composé d’une oie. Chacune de ces deux femmes semblait fort affairée à garder sa moitié d’oie. L’oie goguenarde avait l’air de se moquer d’elles.

Pau. — Le château. On n’en voit que trois ou quatre salles médiocrement restaurées, mais admirablement meublées, avec les vieux bahuts et les vieilles tapisseries du garde meuble. Comme on attend M. le duc de Montpensier, on a frotté les salles. Un laquais chargé de protéger le parquet veut m’empêcher d’aller voir une statue de Henri IV dans le grand salon du premier étage. Je houspille le laquais et je vais regarder la statue. Belle, fine, spirituelle et délicate sculpture du 16e siècle. Pourtant c’en est la fin. Déjà la lourdeur de Louis XIII se fait sentir.

Je me fais ouvrir d’autorité la grosse tour. Admirable vue de la plate-