Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., En voyage, tome II.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Brest, 9 août, 8 heures du soir.

Cette nuit à quatre heures je partirai pour Auray sur l’impériale de la diligence.

Je vais voir Quiberon et Karnac. De là je compte remonter la Loire par Nantes jusqu’à Tours par le bateau à vapeur, puis de Tours à Paris. Là je te reverrai, mon Adèle toujours bien aimée, là je retrouverai ton beau front si pur et si doux pour tout ce qui t’entoure.

Je n’ai pas trouvé ici de lettres de toi. J’en espérais pourtant. Écris-moi désormais à Tours, poste restante, mets sur l’adresse M. le bon Hugo. Cela me fait un excellent incognito.

J’ai visité aujourd’hui le port de Brest, un vaisseau de ligne (l’Algérisas) et le bagne. Tout cela est plein de curiosité et d’émotions de toutes sortes. J’ai acheté aux forçats plusieurs petits ouvrages.

Toutes mes journées maintenant, mon Adèle, vont être prises jusqu’à la dernière minute, car puisque j’y suis, il faut que je voie tout. Je ne pourrai peut-être plus t’écrire aussi souvent. Songe que je pense à toi et à vous tous.

Mille bons souvenirs aux Roches.