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Bordeaux, 20 juillet. Campanile de Saint-Michel.
Bordeaux, 20 juillet. Campanile de Saint-Michel.

pieds de haut ; c’est maintenant une tour de l’aspect le plus étrange et le plus original.

Pour qui ignore que la foudre a frappé cette flèche en 1768 et l’a fait crouler dans un incendie qui a dévoré en même temps la charpente de l’église, il y a tout un problème dans cette énorme tour, qui semble à la fois militaire et ecclésiastique, rude comme un donjon et ornée comme un clocher. Il n’y a plus d’abat-vent aux baies supérieures. Plus de cloches, ni de carillons, ni de timbres, ni de marteaux, ni d’horloge. La tour, quoique couronnée encore d’un bloc à huit pans et à huit pignons, est fruste et tronquée à son sommet. On sent qu’elle est décapitée et morte. Le vent et le jour passent à travers ses longues ogives sans fenestrages et sans meneaux comme à travers de grands ossements. Ce n’est plus un clocher ; c’est le squelette d’un clocher.

J’étais donc seul dans la cour, plantée de quelques arbres, où s’élève ce campanile isolé. Cette cour est l’ancien cimetière.