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chalon-sur-saône.


Chalon-sur-Saône, 18 octobre.

J’arrive, j’ai tes lettres. Merci, mon Adèle, merci pour celle que tu m’as écrite directement ici. Si tu avais pu me voir au moment où je la lisais, tu aurais eu le cœur bien tranquille et bien content.

D’après ce que tu m’écris de tous tes arrangements (j’approuve tout ce que tu as fait), je supporte avec moins d’impatience le retard qu’apporte à mon retour la plénitude des diligences. Je suis encore cloué ici pour un jour. Je n’ai pu avoir de place que dans une voiture qui part demain matin, et pour Dijon seulement. Écris-moi maintenant à Fontainebleau, poste restante. Je pense que je pourrai être à Paris du 23 au 25.

Nous avons pourtant remonté le Rhône plus vite que le capitaine du bateau ne l’espérait d’abord. En somme, nous avons mis quatre jours pleins pour aller d’Avignon à Lyon. Un autre bateau à vapeur, l’Hirondelle, m’a mené en un jour de Lyon à Chalon. Je vais profiter de mon séjour forcé ici pour prendre un bain dont j’ai grand besoin et pour visiter la ville, bien entendu.

J’ai vu avec joie que vous vous étiez bien amusés en vacances. Remercie pour moi Vacquerie et son excellente famille. Je pense que tu lui as fait tenir ma lettre. — Ne t’occupe ni de l’académie ni du théâtre. Je verrai moi-même ce qu’il y aura à faire quand je serai à Paris. — Je pense que mes bons petits garçons se sont remis courageusement au travail et te donnent déjà toute satisfaction. Embrasse-les bien pour moi ainsi que ton bon père, puisqu’il est de retour.

J’ai fait route sur le bateau du Rhône avec un bon et spirituel vieillard qui lui ressemble. C’est M. Boury, ancien pasteur protestant. Il était déjà venu nous voir à Paris avec une lettre de Lamartine. Je l’avais oublié, il m’a reconnu. C’est un homme doux et charmant et que j’ai été heureux de trouver. Il m’a aussi bien parlé de toi.

Adieu, mon Adèle, à bientôt. Écris-moi encore une bonne lettre. J’ai soif de vous revoir et de vous embrasser tous.

À toi toujours.

V.

Fais-moi réserver avec soin les lettres et les journaux.