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Saint-Andéol, près Avignon, est un tronçon de ville romaine et byzantine dans les crevasses de laquelle a poussé un pauvre bourg de pêcheurs et de bateliers.

Le clocher de l’église, à part la pyramide dont le parement a été arraché, est une des plus belles tours romanes octogones à dentelures byzantines que j’aie vues, sans même excepter Tournus et Saint-Germain-des-Prés. Un joli clocheton gothique fleuri surmonte le méchant portail Louis XV. L’intérieur de l’église est misérablement défiguré.

Dans un coin sombre, à gauche de la grande porte, dans un endroit où le grand jour ne pénètre jamais, j’ai vu un beau tombeau romain avec épitaphe et bas-reliefs. À cause de l’emplacement, l’épitaphe est illisible, les bas-reliefs sont invisibles. Je n’avais qu’un instant et le temps me manquait pour faire apporter une lumière. Le tombeau est bêtement scellé le long du mur, de façon à cacher deux faces sur quatre. Il est là oublié comme un vieux coffre vermoulu.

J’ai remarqué encore à Saint-Andéol une charmante lanterne d’escalier du quinzième siècle, une tour romane carrée, tronquée par le sommet, et un vieux mur romain réticulaire mêlé à une masure habitée.