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marseille.


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Excepté les beaux bas-reliefs de David à la porte d’Aix et deux autres bas-reliefs, l’un romain, l’autre byzantin, dans la Majore, Marseille n’a plus rien de monumental. Marseille est un amas de maisons sous un beau ciel, voilà tout.

La vieille porte-forteresse sur laquelle était cette fière inscription biffée par Louis XIV : Sub quocumque imperio summa libertas ; le boulevard des Dames, qui rendait témoignage à la bravoure des femmes marseillaises ; la tour Sainte-Paule, dont la coulevrine, longue de vingt-quatre pieds, avait jeté ce fameux boulet qui tua sur l’autel le prêtre disant la messe au connétable de Bourbon et fit éclater de rire le marquis de Pescaire, tout cela a disparu.

De la ville grecque, il ne reste rien ; de la ville romaine, rien ; de la ville gothique, rien.

Voilà de quelle façon les conseils municipaux de France traitent les cités illustres. Un marchand quelconque a eu besoin de pierre pour bâtir une fabrique de savon, on lui a donné la tour Sainte-Paule. Ainsi, partout, à l’heure où j’écris, dans presque toutes les villes de France, une douzaine de quincailliers ou de bimbelotiers stupides, dûment autorisés par la loi, font à leur gré des ratures à l’histoire.