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LE RHIN.



LETTRE XIV.
Le Rhin.


Diverses déclarations d’amour à des choses de la création. — L’auteur cite Boileau. — Groupe de tous les fleuves. — Histoire. — Les volcans. — Les celtes. — Les romains. — Les colonies romaines. — Quelles ruines il y avait sur le Rhin il y a douze cents ans. — Charlemagne. — Fin du Rhin historique. — Commencement du Rhin fabuleux. — Mythologie gothique. — Fourmillement des légendes. — Le hideux et le charmant mêlés sous mille formes dans une lueur fantastique. — Dénombrement des figures chimériques. — Les fables pâlissent ; le jour se fait ; l’histoire reparaît. — Ce que font quatre hommes assis sur une pierre. — Rhens. — Triple naissance de trois grandes choses presque au même lieu et au même moment. — Le Rhin religieux et militaire. — Les princes ecclésiastiques composés des mêmes éléments que le pape. — Qui se développe empiète. — Les comtes palatins protestent par le moyen des comtesses palatines. — Établissement des ordres de chevalerie. — Naissance des villes marchandes. — Brigands gigantesques du Rhin. — Les Burgraves. — Ce que font pendant ce temps-là les choses invisibles. — Jean Huss. — Doucin. — Un fait naît à Nuremberg. — Un autre fait naît à Strasbourg. — La face du monde va changer. — Hymne au Rhin. — Ce que le Rhin était pour Homère, — pour Virgile, — pour Shakespeare. — Ce qu’il est pour nous. — À qui il est. — Souvenirs historiques. — Pépin le Bref. — L’empire de Charlemagne comparé à l’empire de Napoléon. — Explication de la façon dont s’est disloqué, de siècle en siècle et lambeau par lambeau, l’empire de Charlemagne. — Comment Napoléon disposa le Rhin dans la partie qu’il jouait. — Récapitulation. — Les quatre phases du Rhin. — Le Rhin symbolique. — À quel grand fait il ressemble.


Saint-Goar, 17 août.

Vous savez, je vous l’ai dit souvent, j’aime les fleuves. Les fleuves charrient les idées aussi bien que les marchandises. Tout a son rôle magnifique dans la création. Les fleuves, comme d’immenses clairons, chantent à l’océan la beauté de la terre, la culture des champs, la splendeur des villes et la gloire des hommes.

Et, je vous l’ai dit aussi, entre tous les fleuves, j’aime le Rhin. La première fois que j’ai vu le Rhin, c’était il y a un an, à Kehl, en passant le pont de bateaux. La nuit tombait, la voiture allait au pas. Je me souviens que j’éprouvai alors un certain respect en traversant le vieux fleuve. J’avais envie de le voir depuis longtemps. Ce n’est jamais sans émotion que j’entre en communication, j’ai presque dit en communion, avec ces grandes choses de la nature qui sont aussi de grandes choses dans l’histoire. Ajoutez à cela que