royauté a cesse d’être politique, et maintenant est historique ; ma république ne s’en inquiète pas. Vous faites partie de la grandeur de la France. Et je vous aime.
Nous sommes ici dans les fêtes, ma Jeanne, fête pour Georges, fête pour toi, fête pour la bonne petite Louise (St-Louis). Tu t’amuses là-bas, tu fais bien, nous serions parfaitement heureux ici, si Georges et toi étiez là ! Enfin, amuse-toi bien, et pense un peu à moi, à ton vieux père qui vit en vous deux. Ta petite lettre m’a été au cœur, je la porte sur moi ainsi que celle de Georges. Je les relis toutes les deux, avec Mme Drouet qui vous aime passionnément. Tu serais bien contente ici, tu verrais cette mer, si grande et si douce. Pense, pense à moi, ma Jeanne bien-aimée ! Obéis bien à ta mère, travaille un peu, et amuse-toi beaucoup. Dans deux mois, je vous reverrai, mes vieux bras auront cette joie. Dieu soit béni ! Vous me remplissez le cœur.
Nous sommes ici pour une quinzaine de jours. Mme Drouet me charge de t’embrasser pour elle, ainsi que mon Georges. Je vous embrasse tous les deux, et encore, et encore ! J’embrasse ta charmante mère. Je vis en vous. Tu es ma joie. Et mon Georges aussi. Je vous aime[3].
Mon cher grand écrivain, soyez assez bon pour vous souvenir que samedi prochain 2 octobre, vous êtes attendu, ainsi que votre charmante fille, à dîner chez moi, par moi, par nous tous, dont vous êtes l’honneur et la joie. N’oubliez pas que l’heure est désormais changée, et que nous dînons, non à huit heures, mais à sept heures, (6 h. 1/2 au lieu de 7 h. 1/2). On sera à table à sept heures. C’est donc à sept heures, heure extrême, que nous vous attendrons.
Souvenez-vous de tout cela, et par-dessus tout que je suis votre ami.
