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À Leconte de Lisle.


9 juin 1877.
Mon éminent et cher confrère,

Je vous ai donné trois fois ma voix, je vous l’eusse donnée dix fois[1].

Continuez vos beaux travaux et publiez vos nobles œuvres qui font partie de la gloire de notre temps.

En présence des hommes tels que vous, une académie, et particulièrement l’Académie française, devrait songer à ceci qu’elle leur est inutile et qu’ils lui sont nécessaires[2].


À Émile Blémont.


16 juin 1877.

Quelle douceur, mon éloquent et cher confrère, de lire une page de vous au milieu de ces coups d’État, avortés d’avance, qu’on nous annonce en patois ! Dans quel style on fait parler ce pauvre maréchal ! Heureusement, en vous lisant, j’ai tout oublié, excepté votre beau talent et ma bonne amitié.

Vous seriez bien aimable de venir, ainsi que Mme Blémont, dîner avec nous mardi prochain. Je mets mon humble requête aux pieds de votre gracieuse femme.

À bientôt, n’est-ce pas ? Je presse vos mains dans les miennes[3].


À Gustave Rivet.


21 juin, 2 h.

Cher poëte, dans dix minutes, je vais monter à la tribune[4], je profite de ce répit que me donne la politique pour me tourner vers la poésie, et je vous écris.

  1. Leconte de Lisle avait échoué, le 7 juin 1877, à l’Académie ; le lendemain, il avait écrit à Victor Hugo : « En m’honorant trois fois de votre suffrage dans la dernière élection académique, vous m’avez largement récompensé de toute une vie de travail, uniquement consacrée à l’art suprême dont vous êtes le plus glorieux représentant. Mon ambition la plus haute est satisfaite. Vous m’avez nommé, je suis élu ».
  2. Archives de la famille de Victor Hugo.
  3. Archives de la famille de Victor Hugo.
  4. Discours prononcé au Sénat contre la dissolution.