Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome IV.djvu/350

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tout. J’admire ces deux ou trois petits journaux bonapartistes faits par des républicains qui me trouvent réactionnaire. Ils ne me combattent pas, mais ils louent Sarcey. Quant à M. Pierre Denis, je n’en sais que ceci : il aurait fait dans les Écoles contre l’affiche du livre William Shakespeare un article déclaré excellent dans le Phare de la Loire par un millionnaire rouge (faux) de notre connaissance. Je ne me fais aucune illusion, excepté vous, Paul Meurice, George Sand, et deux ou trois autres, je sens bien un profond abandon, les cinq ou six camps ennemie, napoléoniens, royalistes, catholiques, classiques, doctrinaires, républicains nuance Pichat, Vapereau et Castille, attaquent à l’aise. Eh bien, qu’importe. Ma frégate est cuirassée et vous avez raison. Vous méprisez cette fourmilière hostile, et moi aussi. Seulement, je crois de ma dignité de garder désormais un long et très long silence. — Vous verrez que vous finirez par m’approuver. Rien n’est curieux comme ma situation actuelle. Elle me surprend un peu, et ne me déplaît pas. Ne publiant rien, je n’en travaillerai que plus et mieux, je n’ai plus beaucoup de temps, je veux l’employer à faire des œuvres plutôt qu’à imprimer des livres. — Mon Dieu, cher Auguste, c’est vous qui devez travailler, et produire, et publier, vous êtes un maître, et il importe que vous ne laissiez pas les faux talents prendre la place, vous savez comme j’aime vos succès, Jean Baudry a été pour moi un des grands bonheurs de cette année triste. Je suis vôtre du fond du cœur. À vous maintenant. Vitaï lampada trado.

V.


À François-Victor[1].


1864.

Sois assez bon pour communiquer à Auguste l’extrait ci-dessous des journaux anglais. Je suis complètement de son avis. Ne pas user mon nom. Cependant M. Lacroix ayant fait la maladresse de ne pas diviser en trois éditions son tirage de dix mille (malgré le conseil d’Auguste), il peut être utile, ne pouvant annoncer les éditions incluses dans cet énorme tirage, de publier des faits comme celui-ci. Auguste en jugera, et, comme toujours, ce qu’il fera sera bien fait. Remets-lui ceci le plus tôt possible. Dépêche électrique de la presse espagnole (13 journalistes, tous rédacteurs en chef de grands journaux).

Décidément le nombre 13 se réhabilite.

Span ton Victor Hugo[2].
Madrid, 8 mai 1864.
  1. Inédite.
  2. Actes et Paroles. Pendant l’exil. Reliquat. — Bibliothèque Nationale.