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Au même[1].


H.-H., 20 février.

Cher monsieur, je suis stupéfait et contrarié. En ouvrant les épreuves Waterloo pour les corriger, je m’aperçois que, sans qu’on puisse deviner pourquoi, les chapitres ne tombent pas en belle page. Est-ce parce qu’ils n’ont pas de titres ? Qu’à cela ne tienne. J’en mettrais. Cela vaudrait mieux certes, que de faire cette étrangeté qui semblera changer tout le parti pris du livre. Après ce livre Waterloo, les autres chapitres recommenceront à tomber en belle page, et le lecteur n’y comprendra absolument rien. Votre édition sera difforme. Est-ce pour ménager votre papier trop épais ? Ce serait là une raison malheureuse, et vous sacrifieriez à ce détail la beauté même de votre publication au point de vue typographique et cette partie du succès qui revient aux éditeurs. J’ajoute que, maintenant surtout, puisque nous renonçons à des livres comme Parenthèse, Waterloo se trouvera, dans tout l’ouvrage, le seul livre ainsi imprimé. Je répète qu’on n’y comprendra absolument rien. Je regrette que vous ayez fait une telle disposition, si contraire à mes indications, et cela sans me consulter ; je regrette de ne m’en apercevoir qu’aujourd’hui. Mon avis est de revenir à l’unité et de ne pas introduire dans l’aspect typographique du livre une si inexplicable bizarrerie. Je ne doute pas que ce ne soit aussi le vôtre, surtout après l’abandon du Petit Picpus en partie, et de Parenthèse. Je mettrai des titres aux chapitres, et nous ne présenterons pas d’énigme typographique au public. — Cela dit, je vous envoie les corrections de la 1ère feuille.

Du reste l’épreuve est supérieurement corrigée et sans cette modification si étrange et si inattendue à tout ce que j’avais indiqué, j’aurais pu donner le bon à tirer. Je vais continuer la correction, et mettre des titres partout aux chapitres. Faites-les dès à présent remettre tous en belle page, ce sera fait pour les 2e épreuves qu’on aura à me renvoyer. Je crois, cher monsieur, qu’il serait très important de ne rien changer ex abrupto à ce qui est convenu et expliqué ; parce que cela entraîne des pertes de temps. Nous marcherions bien plus vite si une extrême précision à faire ce qui est indiqué, était observée. J’enveloppe cette lettre dans une que M. Hetzel me transmet, et qui vous intéresse. Je coupe en outre ceci dans une lettre de M. Hetzel :

« On attend les Misérables avec une impatience énorme. Cela sera bu (fut-ce un torrent) comme un verre d’eau. Heureux les belges entre les mains de qui tous ces livres vont passer.
À vous.
J. Hetzel. »
  1. Inédite.