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me dire ce que vous savez de ces envois. — Pourrait-on envoyer, à mes frais, un commissionnaire qui, dans Paris, ferait la tournée de tous les noms et s’informerait. — Je ne veux pas fâcher tous mes amis. Aidez-moi. Adjuva nos. — Voudrez-vous faire remettre cette lettre à M. Louis Jourdan et lire l’autre. Je serre votre main et celle d’Auguste.

Je ne reçois toujours aucun journal de Paris. Des torrents de journaux belges (par Parfait)[1].


À Auguste Vacquerie[2].


8 8bre samedi.

Cher Auguste, j’ai recours à vous. Par quelques lignes de votre lettre, je vois que toutes mes prévisions fâcheuses se sont réalisées. Je n’en fais, bien entendu, retomber la faute que sur Hetzel, mais c’est un vrai malheur que notre excellent et cher Meurice ait été poussé à bout au point de tout lâcher entre ses mains, et, particulièrement, de lui remettre le soin de distribuer mes exemplaires et les premières pages signées de moi à mes amis. Naturellement, et comme cela allait sans dire, Hetzel n’en a rien fait. Qu’a-t-il fait de toutes mes signatures ? le vent le sait, et son étourderie n’en sait rien. Cela est clair. Il n’a pas envoyé à qui j’envoyais et a donné à qui j’eusse refusé. Du moins, je l’entrevois, et j’en tremble. Car rien ne peut m’être plus pénible que d’attrister ou de désappointer des amis. Gaiffe achetant son exemplaire ! cela est incroyable. Il suffit de ce détail pour juger du reste.

Dans cette situation, que faire ? Y a-t-il quelque chose de réparable ? et comment réparer ? je crois ne devoir pas m’adresser à Meurice ; je ne l’ai déjà que trop accablé et harassé de mes affaires ; je lui ai encore écrit hier ou avant-hier deux lettres dont je suis confus en songeant que je lui demande des services et que je lui donne des ennuis au moment même où il est lui-même dans les tranchées de l’enfantement d’une pièce. On va le jouer dans quelques jours ; il est jusqu’aux yeux dans les répétitions, etc., et c’est dans ce moment-là que je l’occupe de moi ! c’est tout simplement un monstrueux égoïsme et j’en suis honteux. Soyez donc assez bon pour le décharger en ce moment de tout ce poids d’affaires qu’il porte pour moi avec tant de générosité et d’amitié inépuisable. Il faut que, dans la situation actuelle, je demande à un ami deux ou trois services très ennuyeux pour l’ami, très importants pour moi. Permettez que je vous les demande, et trouvez bon, vous, mon cher et si ancien compagnon d’épreuve, que je vous choisisse pour ces corvées.

  1. Bibliothèque Nationale.
  2. Inédite.