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dans ton cœur, et tu y trouveras ce qu’il faut dire chaque jour à ton père.

Je t’envoie aussi une lettre de Charlot. J’ai passé hier dimanche la journée avec lui, et l’autre dimanche aussi. Et je vais le voir trois fois par semaine. Nous parlons de toi, ma Dédé, et de vous tous. Et cela nous rend un peu heureux, lui le pauvre collégien en prison, moi le pauvre papa tout seul.

Aime-moi bien, mon enfant chéri. Si tu savais comme je t’aime.

Ton petit père.

V.

Babille-moi toujours toutes les petites nouvelles[1].


À Messieurs Charles et Victor Hugo.


[1837-1839.]

Je suis triste, chers enfants, de ne pas vous avoir vus aujourd’hui. Mon travail me tient toute la journée, même le dimanche, à la bibliothèque, et les soins de l’emménagement empêchent encore votre bonne mère de nous réunir à dîner[2]. Dimanche prochain tout sera rentré dans l’ordre. J’ai pensé à vous, mes enfants chéris, aujourd’hui toute la journée ; vous avez aussi pensé à moi, n’est-ce pas ? Vous avez eu présente à l’esprit cette règle de conduite que je vous ai donnée à tous les deux : Ne faites jamais rien que votre père ne puisse voir ; n’écoutez jamais rien que votre père ne puisse entendre. Je vous écris ce soir pour vous embrasser, pour vous bénir, pour vous dire : courage, car je sais que vous êtes de bons petits enfants et que vous travaillez bien. Moi aussi, je travaille, vous le voyez, et je travaille sans relâche, et je travaille pour vous. Vous rendrez cela, non à moi, mais à vos enfants un jour, c’est la loi du bon Dieu, et vous les aimerez comme je vous aime.

En attendant, aimez votre mère et aimez-moi comme j’ai aimé mon père et ma mère.

J’irai vous voir un de ces jours et je vous embrasse du fond du cœur, mes chers bien-aimés.

Votre père.

V.[3]
  1. Collection Louis Barthou.
  2. Il ne peut s’agir que d’un emménagement au retour de vacances : 1837, août et septembre à Auteuil, 1838 à Boulogne, 1839 à Saint-Prix.
  3. Revue hebdomadaire, juin 1935.