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L’incertitude ne sera pas longue. Je saurai à quoi m’en tenir dans les huit jours qui suivront la reprise d’Hernani. Et vous savez quelle influence et quelle autorité vos conseils auront toujours sur moi[1].


À Auguste Vacquerie[2].


H.-H., 14. mai.

Cher Auguste, voici : — Hernani connaît le château de Silva dans la montagne de même qu’il connaît le palais de Silva dans la ville. Un temps moral s’est écoulé (doña Sol dit : Vous reparlez toujours de cela, qui vous blâme ?). Pendant que le duc a préparé sa noce, Hernani a continué sa lutte dans la montagne. Battu, exterminé, il veut revoir une dernière fois doña Sol. Il se déguise en pèlerin pour échapper au roi, et le déguisement lui servira à entrer inconnu chez le duc. Il se présente au château. J’avais cru indiquer tout cela par Iaquez disant : un pèlerin… Est là qui vous demande asile.

Mais cela ne suffit pas, et vous ne dit pas tout, et n’est pas assez clair, et je trouve l’éclaircissement nécessaire et l’objection parfaitement juste. Il faut au théâtre mettre le point sur l’i. Donc Iaquez sera explicite :

don ruy gomez.
Que veut Iaquez ?
le page
Un pèlerin qui passe.
Seigneur, dit qu’il demande un asile à sa grâce

Le duc don Ruy Gomez de Silva.

don ruy gomez.
Quel qu’il soit, etc.

De cette façon, tout est net. Le pèlerin dit, il a prononcé lui-même le nom du duc quand il a parlé au page. Il n’y a donc pas lieu à étonnement de sa part en entrant en scène. Le spectateur sait que Hernani sait où il est. Soyez assez bon pour expliquer cela à M. Delaunay, et pour donner au page Iaquez la variante qu’il a maintenant à dire. Remerciez M. Ed. Thierry de tous ses soins excellents et dites-lui combien je suis touché de sa bonne mémoire. Ôter des prétextes me semble utile. Donc supprimez tout ce qui vous semble dangereux. Faites ce que vous feriez dans votre propre pièce. Pourvu que le texte imprimé persévère et persiste, je ne demande pas autre chose.

  1. Bibliothèque Nationale.
  2. Inédite.