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À Raoul Lafagette[1].


28 avril.

Votre cheval est tout un poëme. Hélas oui, cette bête est l’homme, cet esclave est le peuple. Courage, continuez, poëte, je vous donnerai, comptez-y, l’Année terrible in-18, dès qu’elle aura paru. Venez me voir, votre lettre éloquente m’a ému. Je vous serre la main.

V. H.[2]


À Paul de Saint-Victor[3].


Lundi 29 avril.

Comment vous dire tout ce qu’éveille d’émotion en moi un article de vous[4] ? Il y a des critiques souverains comme il y a des artistes suprêmes. Vous êtes le poëte expliquant la poésie, le philosophe approfondissant l’âme, la voix commentant le verbe, le rayon racontant l’étoile. Je ne pense pas à moi en vous parlant ainsi, je pense à vous que j’honore et que j’aime. Je voudrais bien vous serrer la main. Vous aviez peint au plafond de Ruy Blas une fresque magistrale, vous venez de sculpter un bas-relief superbe sur le mur de l’Année terrible.

V. H.[5]


À Jules Janin.


29 avril, lundi.

Cher poëte, j’espérais vous voir hier soir, j’avais passé toute la journée avec vous. Quel beau livre[6] ! Par votre style, par votre esprit, par votre âme ! Mais il faudrait vous écrire deux pages, j’aime mieux causer avec vous deux heures.

Je vous serre tendrement la main.

Victor Hugo[7].
  1. Inédite.
  2. Communiquée par M. Roger Lafagette.
  3. Inédite.
  4. Le Moniteur universel, 29 avril 1872.
  5. Collection Paul de Saint-Victor.
  6. La Fin d’un monde et du neveu de Rameau.
  7. Clément Janin. — Victor Hugo en exil.