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Je remets tout ceci en vos mains. Plus mon vieux cœur. Chers amis, je ne vous aimerai jamais assez.

V.

Nous avons ici M. Ernest Lefèvre qui, dans notre deuil, nous donne cette joie de dîner avec nous tous les jours. Ah ! nous parlons de vous[1] !


À Paul Meurice[2].


4 mai.

Cher Meurice, vous savez ma foi absolue en vous deux, lisez ceci[3]. Si vous ne le croyez pas publiable, mettez la chose dans votre poche, et n’en parlez même pas à Auguste. Si vous avez doute, consultez-vous tous les deux, et décidez. — Ce que fera votre duumvirat sera bien fait. — Cette chose sera dans Paris combattant ; ce n’est pas une raison pour que le Rappel l’insère ; vous traversez un moment dont vous êtes seuls juges, le voyant de près. Dans Paris combattant, les vers auront sur eux le reflet colorant de tout le livre ; dans le Rappel, ils ne l’auraient pas. Cependant, comme je propose nettement de mettre la statue du peuple sur la colonne à la place de la statue de Bonaparte, cela, ce me semble, leur donne toute justice et toute justesse. — Ce que je vous demande, c’est de ne prendre conseil, moi mis de côté, que de ce que vous croirez le mieux. Publiez, ou ne publiez pas, ce sera bien.

Ah ! quand vous verrai-je, doux ami ? Mettez mes plus respectueux et mes plus absolus dévouements aux pieds de Madame Meurice. Je baise ses belles mains et je serre vos mains vaillantes.

À bientôt, j’espère.

Je ne me sens pas utile, sans quoi il va sans dire que je serais à Paris.

Tuus.
V.

La Commune ! quelle belle chose cela eût pu être en face de cette odieuse assemblée ! mais, hélas !

Il y a une pauvre et honnête fille qui meurt de faim. Je l’ai empêchée de se jeter à l’eau. Elle demeure rue St-Benoît, impasse St-Benoît, n° 8. Voulez-vous être assez bon pour lui faire remettre 50 francs de ma part. Elle s’appelle Mlle Montauban. Elle a été actrice. Si on pouvait la caser dans les Misérables cela serait bien[4].

  1. L’Année terrible. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale.
  2. Inédite.
  3. Les Deux trophées, publiés d’abord dans Depuis l’exil, puis dans l’Année terrible.
  4. Bibliothèque Nationale.