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À Jules Simon[1].


Lundi soir 21 novembre 1870.
Cher Confrère et cher Ministre,

Je veux donner au peuple une fête républicaine, lui offrir gratis une lecture des Châtiments dans la salle de l’Opéra que l’empereur souillait et que le peuple glorifiera.

Vous êtes un noble esprit et un grand cœur. Vous m’y aiderez. La Société des Gens de Lettres, dont nous sommes tous deux présidents honoraires, attend cela de nous. On me parle des objections de M. Perrin[2], démissionnaire. M. Perrin et ses objections sont de peu de poids devant le peuple et devant le devoir républicain.

Je vous remercie d’avance de l’ordre immédiat que vous donnerez.

Votre ami.
Victor Hugo[3].


À Noël Parfait.


Jeudi, midi [novembre 1870].

Mon cher poëte, je vous remercie de la loge. Je n’y puis aller, vous le savez, mais vous aurez une spectatrice bonne et charmante, madame Paul Meurice. — Quant à la double représentation Chateaudun et canon, nous sommes d’accord. Peu m’importe le théâtre. Je tiens au dimanche, pour avoir le plus d’argent possible, pour les veuves et pour le canon, qui, hélas, fera des veuves, mais prussiennes. Nous donnerons donc, Deo-volente, ces deux soirées deux dimanches de suite, au Théâtre-Français. Votre théâtre jouera, avec M. Charpentier, bien heureux d’être le fiancé de Mlle Favart, le 5e acte d’Hernani, et vous y ajouterez le 5e acte de Lucrèce Borgia joué par Mme Laurent. Je pense que m’acceptant sous la forme Hernani, vous m’accueillerez sous la forme Lucrèce Borgia. — Et nous ferons deux bonnes actions.

À vous cordialement.
Victor Hugo[4].
  1. Alors ministre de l’Instruction publique.
  2. Administrateur de la Comédie-Française.
  3. Actes et Paroles. Depuis l’exil. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale.
  4. Archives de la Comédie-française.