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À d’Alton Shée.


Hauteville-House, 2 août.
Mon cher d’Alton,

Je suis absolument d’accord avec vous. Il faudra saisir le joint. À un moment donné, la civilisation, ayant pour verbe la révolution, doit mettre le holà. Je désire le Rhin pour la France, parce qu’il faut faire, matériellement comme intellectuellement, le groupe français le plus fort possible, afin qu’il résiste, dans le parlement des États-Unis d’Europe, au groupe allemand, et qu’il impose la langue française à la fédération européenne. Les États-Unis d’Europe parlant allemand, ce serait un retard de trois cents ans. Un retard, c’est-à-dire un recul. Quand je vous verrai, je vous développerai cela.

Mais rien par Bonaparte ! rien par cette affreuse guerre ! Nous sommes d’accord. Je suis certain que nos amis du Rappel seraient heureux de votre concours. Vous êtes un noble esprit servi par un robuste talent.

À vous, cher ami.

V. H.[1]



À Paul Meurice[2].


H.-H., 5 août.

Cher Meurice, que n’êtes-vous là, vous et Auguste ! Que de choses à se dire qu’on ne peut s’écrire ! Votre noble et douce lettre nous a bien émus Charles et moi ; nous aussi, nous sommes tristes, et nous regardons avec anxiété l’approche de toutes ces ténèbres qu’on va appeler la gloire. Le Rappel tient admirablement son drapeau droit entre la patrie qui accepte la guerre et la liberté qui s’en défie. Vous êtes deux guides superbes dans ce passage difficile. Je suis avec vous du plus profond du cœur.

Tout notre clan vous désire et vous embrasse. — À bientôt.

Con toda mi alma[3].


À Auguste Vacquerie.


H.-H., 5 août.

Vous avez un procès[4]. Procès, succès. Cher Auguste, vous n’avez pas écrit de page plus fièrec, plus haute et plus profonde que les Deux dangers.

  1. Archives de la famille de Victor Hugo.
  2. Inédite.
  3. Bibliothèque Nationale.
  4. Vacquerie était poursuivi pour un article : Les deux dangers. Citation pour excitation à la haine et au mépris du gouvernement.