Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome III.djvu/271

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en littérature et en politique, mais je rends pleine justice aux fortes qualités de votre excellent esprit. Vous êtes un écrivain ingénieux et vif, et vous avez une pénétration sagace qui mériterait de ne se tromper jamais. Votre œuvre sur Sterne abonde en pages qui forcent le lecteur à des temps d’arrêt. Vous avez ce grand don de l’écrivain : rendre le lecteur pensif. Je vous remercie de m’avoir envoyé votre remarquable livre. De même qu’il y a des épées de chevet, il y a des livres de solitude. Un livre qui résiste à un solitaire est un bon livre. Votre livre m’a résisté. Je lui ai fait porter cette surcharge de mes longues heures de rêverie et de travail, et toutes les exigences de ma pensée si difficile à distraire. Il s’est très bien tiré de la tâche que je lui imposais, il m’a charmé, il m’a enseigné et renseigné, et je vous envoie mon cordial applaudissement.

Victor Hugo[1].


À Aglaüs Bonvenue[2].


Hauteville-House, 10 juillet 1870.
Monsieur,

J’ai reçu avec un vif intérêt votre excellent et curieux travail. Votre ex-libris fait par vous pour moi, me charme. J’accepte avec reconnaissance cette jolie petite planche. Comment vous en remercier ? S’il est un livre de moi que vous désiriez tenir de ma main, veuillez me le dire, et j’aurai l’honneur de vous l’offrir. Votre ex-libris marquera tous les livres de la Bibliothèque de Hauteville-house.

Je vous serre la main avec une vive cordialité.

Victor Hugo[3].


À Paul Meurice.


H.-H., 16 juillet.

Vous êtes une providence[4]. Tout ce que vous avez fait là est admirable. Il y a un danger, c’est que tous les journaux ne se coalisent contre un livre publié par la librairie du Rappel. Mais vous êtes inépuisable en bons résul-

  1. Paul Stapfer. — Victor Huto à Guernesey.
  2. Aglaüs Bonvenue, élève de Diaz, graveur.
  3. Archives de la Comédie-Française.
  4. Par une combinaison adroite, Paul Meurice avait fait racheter à Lacroix, dont les affaires étaient en fort mauvaise posture, le volume que Victor Hugo lui devait encore. « Et le Rappel, écrivait Paul Meurice, est à l’heure qu’il est propriétaire des Quatre Vents de l’Esprit ou du tome II des Châtiments. »