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Vous m’avez écrit une lettre exquise et bonne ; mais vous êtes encore meilleur, et c’est vous que je voudrais. Enfin vous vous promettez, et j’ai foi dans cet avenir pour Hauteville-house. Je n’ai pas besoin de vous dire que je vous admire et que je vous aime, vous le savez, mais je vous le dis tout de même, c’est quelquefois doux de rabâcher.

V.[1]


Au même.


H.-H., lundi 27 juin.

Cher Auguste, je reçois cette dépêche[2]. Il est midi. Il n’y a de bateau pour l’Angleterre qu’après-demain mercredi. Impossible d’aller à La Haye. Voulez-vous être assez bon pour expliquer cela en deux lignes dans le Rappel ?

Je comptais y aller. Mais je n’arriverais pas à temps. C’est un regret mêlé à une douleur. J’eusse voulu saluer cette grande âme.

La Révolution perd un héros.

À vous profondément.

V.[3]


À la famille de Barbès.


Hauteville-House, lundi 27 juin.

Je suis accablé. J’espérais encore voir Barbès. Je reçois la douloureuse dépêche par Jersey aujourd’hui lundi à midi. Pas de départ pour l’Angleterre avant mercredi 29. Je ne pourrai donc être là. J’aurais voulu lui dire adieu.

Il y avait deux hommes dans Barbès, le penseur qui a tout compris, le héros qui a tout bravé. Son âme est une des grandes combattantes de ce siècle ; lui de moins, c’est une lumière de moins. Je le pleure.

J’envoie ma douleur profonde à l’honorable et vaillante famille de Barbès.

Victor Hugo[4].
  1. Bibliothèque Nationale.
  2. Cette lettre à Auguste Vacquerie est écrite au verso d’une dépêche adressée à Victor Hugo par le neveu de Barbès, Carlos Barbès : Barbès mort à quatre heures. Sépulture probablement mercredi matin.
  3. Actes et Paroles. Pendant l’exil. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale.
  4. Carnet 27 juin 1870 : « Une dépêche télégraphique de La Haye m’annonce la mort de Barbès, mort hier 26, à quatre heures. Perte immense pour la Révolution... Une grande âme de moins sur la terre. » — Synthèses, juin 1950.