Rédacteur en chef de l’Émancipation.
Certes, mon vaillant confrère, je m’associe à vos nobles luttes. Le Rappel à Paris, l’Émancipation en province, ont eu l’honneur du premier coup.
Un beau jour, la tolérance s’est fâchée et c’est par vous que sa colère a commencé. L’empire de décembre se tenait embusqué, ne soufflant mot, cachant derrière son dos le gourdin de la loi. Il est brusquement sorti de son bois, et il a saisi au collet cette passante, la liberté. Mon fils a été frappé ; vous avez été frappé. Je l’ai félicité et je vous félicite. Vous étiez, mon cher confrère, au premier rang par le talent et le courage ; vous voilà désormais au premier rang par la persécution.
Je vous serre la main[1].
Vous ai-je dit, monsieur, avec quel intérêt j’ai lu votre remarquable livre ? Je vous remercie de me l’avoir envoyé. Des livres comme le vôtre sont de bons compagnons pour une solitude comme la mienne. Vous dites beaucoup de vérités, et vous les dites bien. À mon départ pour l’exil, à Anvers, vous m’avez serré la main, je m’en souviens avec émotion, et je vous rends après dix-huit ans, ce serrement de main aussi cordial que le premier jour.
Cher Auguste, je profite de ce petit envoi au Rappel pour vous dire que votre article nécessité dit admirablement le mot même de la situation. Dis-