Secrétaire de la commission pour la statue de Ronsard. Vendôme.
C’est à Bruxelles que votre lettre m’arrive. Boileau et toute son école ont été bien injustes pour Ronsard, et je m’associerais bien volontiers à une glorification qui est une protestation ; mais l’exil a ses devoirs toujours présents à la conscience ; et à côté des très beaux noms littéraires que je vois sur votre liste, il y a des noms officiels qui excluent le mien, et auxquels je ne saurais me joindre[1]. J’eusse été heureux de prendre part à une manifestation littéraire toute pure. Croyez à mes vifs regrets, et veuillez, s’il y a lieu, en transmettre l’expression à vos compatriotes. Ils ont bien voulu se souvenir de moi, et j’en suis touché.
Recevez, monsieur et cher confrère, l’assurance de toute ma cordialité.
Je vous remercie de l’envoi joint à votre lettre. Votre Fossoyeur est philosophique et charmant[2].
J’ai bien tardé, monsieur, à vous répondre. Ce n’est pas ma faute. Ma vie est un tourbillon, chose étrange dans la solitude. Aucun loisir. Pas un instant à moi. J’ai tenu pourtant à lire votre écrit. Il est excellent. Je vous ferais quelques objections, mais il faudrait causer. Oui, vous avez raison, la France est pour l’Afrique ce que l’Angleterre est pour l’Asie, une mauvaise tutrice. Initier la barbarie à la civilisation, c’est le devoir et le droit des peuples aînés. Ce droit et ce devoir, le gouvernement français ne le comprend pas mieux que le gouvernement anglais. De là vos plaintes, auxquelles je m’associe.
Quand la République reviendra, la justice reviendra. La vraie lumière française luira en Afrique. Espérons. Attendons. Luttons.
Vous êtes un jeune et noble esprit. Votre génération, un peu attardée,