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Je t’envoie une traite sur Paris (Mallet à ton ordre) 6 450

Tu toucheras chez Van Vambeke le semestre italien échu 375

6 825

Cet excédent de 24 fr. t’est remis en compte. Car il y a de petits frais.

J’ai écrit dans le sens que Charles et toi souhaitiez. Le Rappel a dû reparaître aujourd’hui. — Je n’ai rien reçu de Rotterdam, que l’avis de l’envoi — et non l’envoi. Dis-le bien à notre cher Rochefort, car je lui eusse écrit tout de suite. Je devine que ce qu’il m’envoie est très beau. Tu ferais bien d’écrire aux commissionnaires Hudig et Pieters — car j’ai vraiment peur que l’envoi ne se perde. Je n’y comprends rien.

Tu me dis que Charles est absent, mais tu ne me dis pas où il est. Je commence à désespérer de sa venue à Hauteville-house. Il est pourtant bien sûr que je verrai mon doux petit Georges, et vous tous, car j’irai, fût-ce à la nage.

Je te serre dans mes bras, mon bien-aimé Victor.

V.

Avez-vous lu là-bas ce que dit le Phare de la Loire touchant Gambetta[1] appuyant Laurier contre Rochefort (qui est le vrai laurier) ? — Est-ce que Me Gambetta paierait Rochefort d’ingratitude[2] ?


À Madame Rattazzi.


Hauteville-House, 1er juillet.

Votre charmant envoi m’arrive, Madame, au milieu d’un nuage de lettres politiques (quelques-unes fort sombres) comme une étoile dans un tourbillon. Je ne saurais vous dire avec quelle émotion j’ai vu ce ravissant portrait, qui ressemble à votre esprit en même temps qu’à votre visage, et la gracieuse signature qui le souligne. Cherchez un autre mot que remercier, je vous remercie n’est pas suffisant.

Je ne sais si cette lettre vous parviendra ; malgré que vous en ayez, vous êtes en France maintenant ; votre châlet n’est plus exilé ; la frontière de France est venue en quelque sorte vous prendre de force et vous embrasser, ce qui n’est vraiment pas mal pour une frontière. — Du contre-coup, voilà votre correspondance soumise à la police de M. votre cousin. Ma lettre court grand risque.

  1. Rappelons que l’origine des succès de Gambetta comme avocat fut sa défense de Delescluze et son violent réquisitoire contre l’empire.
  2. Bibliothèque Nationale.