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au milieu de ce tourbillon. Hernani commence par me coûter Torquemada. Que sera-ce si le reste du répertoire suit ? J’en ai pour trois ans. Que vont devenir mes travaux sous ce flot de pièces rentrant en plein océan ? Jugez vous-mêmes. Dieu m’aidera, j’espère ; dans tous les cas je m’aiderai.

Question ménage. — J’approuve, chère bien-aimée, tout ce que tu m’écris. Tu sais à quel point je suis obéré en ce moment. Je t’envoie une traite sur Mallet frères de Paris à vue à ton ordre de 2 400 fr. qui se décomposent ainsi[1]. Vous voilà cette fois tout à fait en avance, et plus qu’à flot ; réalise, je te prie, les économies dont tu as vu la nécessité. Je prie Victor de dire au sieur Verbays que je n’ai pas encore eu le temps d’examiner ses comptes, et que je le réglerai le mois prochain. N’employez plus ce sieur.

Soignez vos beaux yeux, Madame la vicomtesse Victor Hugo. J’arrive à temps, je pense, pour embrasser Jean, plus la mère de Jean, le père de Jean, l’oncle de Jean, et la grand’mère de Jean[2].

Le Grand-père de Jean.

Autre chose fâcheuse. Cette Introduction[3] qui va réveiller les haines, va paraître juste à temps pour nuire à Hernani qui n’a pas besoin de cette recrudescence. Tout serait sauvé si le livre Paris et par conséquent la préface ne paraissaient qu’après la reprise de Hernani. Mais aurai-je cette chance ? J’ai peur que non. Écrivez-moi à ce sujet. Demandes pressantes de tous les théâtres. Lettre enthousiaste et ardente de Chilly[4] pour avoir Ruy Blas[5].


À François-Victor[6].


H.-H., dim. 3 mars.

Mon Victor, voici une lettre pressée pour M. Lacroix. Lis-la, et que Charles la lise, et remets-la à M. Lacroix le plus tôt possible. Il est indispensable qu’il vienne. Je ne peux lui livrer le manuscrit de la Préface sans le lui avoir lu, pour des nécessités que votre mère a appréciées comme moi. S’il pouvait amener M. Ulbach, ce serait excellent. Le livre Paris ne doit donc paraître qu’en avril, car le premier tiers seulement est imprimé ? — Voici

  1. Suit le détail des comptes.
  2. Mme  Charles Hugo mit au monde le 31 mars 1867 le premier petit Georges, que l’on projetait alors d’appeler Jean.
  3. Introduction au livre Paris-Guide.
  4. Directeur du théâtre de l’Odéon.
  5. Publiée en partie dans Actes et Paroles. Pendant l’exil. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale. Bibliothèque Nationale.
  6. Inédite.