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Mais je tiens le pupitre et l’aumônière, cher Auguste, à votre disposition.

Elle a emporté le bracelet d’argent à Paris, où elle a été, dans les derniers temps, fort volée. Nous avons cherché le bracelet. On n’a pas encore pu le retrouver.

Quant aux livres, Nap. le Petit et les deux Hamlet, ils sont là. Je les enverrai à Paul Meurice et à Émile Allix par la première occasion sûre. Voulez-vous être assez bon pour le leur dire.

À bientôt. À toujours, cher Auguste. Je m’unis à vous profondément dans la pensée de toutes nos chères mortes. Ayons en nous leurs âmes.

Tuus.
V[1].


À Jules Claretie.


H.-H., 31 décembre.

Jadis, cher confrère, soyez stupéfait, vous m’avez demandé un dessin, le voici. (Vous le recevrez par Auguste Vacquerie presque en même temps que ce mot.)

C’est el Puente de los Contrahandistas. J’ai vu cela dans les Pyrénées, étant enfant. Le Pont des Contrebandiers était terrible. Il servait aux contrebandiers comme pont, et à la justice comme gibet. On les pendait aux poutres. Cela n’empêchait pas de continuer d’y passer. Ce pont s’appelait aussi :

ON MARCHE DESSUS,
ON DANSE DESSOUS.

J’ai cité dans le Dernier jour d’un condamné la chanson triste :

J’li ferai danser la danse
Où il n’y a pas de plancher.

Cette lugubre danse, je vous l’envoie. Pardonnez-le moi. C’est hideux, lais utile. Il faut mettre aux bourreaux le nez dans leur ouvrage. Donc montrons l’horreur du passé.

Le présent n’est pas beaucoup plus beau. Mais quel Demain vous allez voir, vous qui êtes jeunes ! Moi, je serai mort.

Vous allez donc arriver au théâtre. D’avance je bats des mains. Vous aurez le succès toujours, car vous avez le talent partout.

Recevez mon plus cordial shake-hand.

Victor Hugo[2].
  1. Bibliothèque Nationale.
  2. Archives de la famille de Victor Hugo.