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Après toutes les pertes qu’entraîne l’exil, voici quelle était ma situation, fin août dernier, lors de la reddition de comptes dont parle votre correspondant :

J’ai :

1° En Belgique, 300 actions de la Banque nationale, revenu variable, au maximum 32 000 fr.

2° En Angleterre, je n’ai pas encore, mais j’aurai en avril prochain (emploi de la vente de mes derniers manuscrits), consolidés anglais, 425 000 francs. Revenu 12 500 fr.

3° En France. Institut 1 000 fr.

4° Hauteville-House ; le logement, pas de revenu ; je paie loyer à Bruxelles »

48 500 fr.

Par suite des arrangements de famille qui ont dû être pris, sur ces 48 500 francs, je paie annuellement 29 500 fr.

De plus je donne par an, pour divers devoirs de fraternité, notamment pour une petite institution d’assistance à l’enfance dont j’ai pris l’initiative, environ (minimum) 7 000 fr.

36 500 fr.


qui, défalqués des 48 500, me laissent un revenu personnel de 12 000 francs ; ayant des enfants, je ne me considère que comme usufruitier.

Tout ceci est confidentiel et ne réclame aucune publicité, car rien dans ce petit inventaire ne peut intéresser le public. Mais je tiens à vous renseigner, vous cœur noble et sympathique ; dans l’occasion, vous vous souviendrez de cette lettre et, quand vous me verrez calomnié, vous saurez la vérité. Cela me suffit. Publiquement, sur de telles matières, le silence me sied.

Un dernier mot. Votre correspondant a raison s’il a voulu dire que j’avais 78 000 francs de rentes (et même davantage) par le produit de mon répertoire au théâtre ; sans doute, seulement on ne joue pas mon théâtre.

Tout ceci entre nous[1].


À Monsieur François Morand,
juge à Boulogne-sur-Mer.


Hauteville-House, 22 novembre 1868.

Je vous réponds, monsieur le juge ; car vous êtes un juge spirituel, docte et charmant (je ne parle ici que de littérature). Eh bien ! non, je ne connais

  1. Archives de la famille de Victor Hugo.