Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome III.djvu/127

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

douce et vaillante femme a bien supporté ce rude coup. J’attends le retour de notre Georges. Il est en route. Il sera près de nous en juillet.

Est-ce vrai que ce M. Chilly se comporte avec cette indignité de rompre l’engagement de Mme Jane Essler ? Qu’en dit Meurice ? Une lettre de moi à ce Chilly pourrait-elle être utile ? Je lui déclarerais que c’est la rupture à jamais entre lui et moi, et que je regarde l’offense comme mienne. ? Il hésiterait peut-être. Il a été ma créature dans le passé, il peut l’être encore dans l’avenir. Qui sait ? Ne parlez de cette idée à Meurice que si vous la croyez efficace. Sinon, gardez tout ceci entre nous, et n’en dites rien. Servir Meurice comme il veut être servi, voilà ma pensée unique.

À quand Faust ? Cher Auguste, je suis bien triste, mais je vous aime du plus profond de mon cœur.

V.

Servir Meurice, cela seul pourrait me décider à écrire à M. Chilly. Je vous enverrais la lettre. Vous en jugeriez[1].


À George Sand.


H.-H., 21 avril.

Oui, je souffre, oui, j’espère. Le vôtre est revenu, le mien reviendra. Je le crois, je le sais. Votre lettre si tendre et si haute me donnerait la foi, si je ne l’avais pas. grande âme, je me réfugie en vous. Les paroles qui tombent de votre sommet de gloire sont douces comme la lumière.

Merci[2].


À Théophile Gautier.


H.-H., 29 avril 1868.

Cher Théophile, je viens de lire vos pages magnifiques sur la Légende des Siècles[3]. J’en suis plus qu’ému, j’en suis attendri. Les douces voix arrivent donc encore dans ma solitude. Notre jeune affection est devenue une vieille

  1. Bibliothèque Nationale.
  2. Collection de Mme Lauth-Sand.
  3. L’empereur voulut, à l’occasion de l’Exposition de 1867, présenter au monde un tableau des poètes qui avaient illustré son règne ; il demanda à Théophile Gautier d’écrire un Rapport sur le progrès des lettres depuis vingt-cinq ans. Gautier en profita pour consacrer une vingtaine de pages à l’examen attendri et dithyrambique des Contemplations, des Chansons des rues et des bois, et surtout de La Légende des Siècles.