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faire parvenir à son adresse, faites, mes admirables et chers amis. Il est important de maintenir la chose entre M. L. Bonaparte et moi.

Quelle bonne et charmante lettre vous m’avez écrite, cher Auguste ! et comme vous avez raison de tout point !

Je m’attends à la suspension d’Hernani et à sa suppression définitive. Disparu de l’affiche, il disparaîtra du répertoire. On ne le jouera plus. Soit.

À vous. Ex imo.

Détail à côté : J’ai remis votre mot à Julie. Permettez-moi de vous mettre un peu en garde contre M. Chenay. Je désire que ma femme ne le reçoive pas. Rappelez-vous les 500 fr. d’il y a deux ans. Il médite une récidive. J’ai averti ma femme. Aidez-moi[1].


À Théodore de Banville.


Hauteville-House, 20 décembre.

Un poëte exquis, c’est vous ; un ami charmant, c’est vous. N’ayez pas peur, les petites variations de l’aiguille mode ne signifient rien ; elles ne régissent que le théâtre Scribe et la littérature Feuillet. Là où vous êtes, est le goût ; là où vous êtes, est l’art.

Vos exquises, vos belles odes du Charivari font appel à la Voix de Guernesey. La voici. Vous trouverez la chose sous ce pli. Mon écho vous répond :

Écho n’est plus un son qui dans l’art retentisse.
C’est une voix qui dit : Droit, Liberté, Justice.

J’ai rectifié pour vous, sur l’exemplaire que je vous envoie, une rime fausse, ennemis, amis, qui est dans Voltaire, ce qui achève de la condamner. Cette rime vient d’une erreur du copiste qui a mis un vers raturé à la place du vrai vers. Donnez-moi l’absolution.

Où diable avez-vous vu que je ne mettais jamais le nom de mes amis dans mes vers ? Vous pourrez bien quelque jour apprendre le contraire à vos dépens. Libre à vous de prendre cette menace pour une promesse.

Est-ce que vous ne viendrez pas voir mon océan ? Il est en ce moment terrible, mais sublime. Si vous n’avez pas peur de sa grosse colère, venez donc passer un mois ou deux avec moi. Je vous logerai mal, mais je vous aimerai bien[2].

  1. Bibliothèque Nationale.
  2. Archives de la famille de Victor Hugo.