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À Hippolyte Lucas[1].


Bruxelles, 10 mars 1852.

Je suis heureux, cher ami, de ce charmant souvenir que vous m’envoyez. Vous voir serait, certes, plus charmant encore. Quand sera-ce possible ? Dieu le sait. Ne me plaignez pas, je remercie la destinée de tout ce qui se passe, et de tout ce qui se fait pour ou contre moi, pourvu que j’aie un peu de liberté, un peu de soleil, un peu de souvenir.

Votre ami.
V.Hugo[2].


À Madame Victor Hugo[3]
(Madame Rivière.)


Bruxelles, 11 mars 1852.

Cette fois M. Coste part, un peu imprudemment peut-être. Il te remettra cette lettre, chère amie, et ce tas d’autres lettres. Dis à mon Victor et à mon Adèle qu’ils auront bientôt les leurs. Ils savent que je paie toutes mes dettes. Charles t’écrira par la prochaine occasion. (Très prochaine.) Aujourd’hui je ne t’envoie que quatre lignes. C’est un peu court pour une lettre, c’est un peu long pour un bonjour. Prends-les avec ton doux sourire.

Je te remercie des feuilletons que tu m’as envoyés. Ils m’ont fait grand plaisir, et à Charles, Charles te donnera tous les détails de notre vie ici. Moi je suis enfoui dans mon livre. Demain vendredi, nous dînons Girardin, Dumas, Charles et moi, avec un éditeur d’ici, M. Muquardt. Cet éditeur m’annonce des offres dignes de moi, dit-il. Nous verrons. En attendant, je

  1. Hippolyte Lucas, journaliste et auteur dramatique, adaptateur de plusieurs pièces du théâtre espagnol et traducteur des Nuées d’Aristophane. Très lié avec Victor Hugo, leur correspondance en fait foi, il obtint, en 1842, l’autorisation de tirer de la Légende du Beau Pécopin une féerie : Le Ciel et l’Enfer, qui ne fut représentée que le 23 mai 1853 au théâtre de l’Ambigu Comique ; l’exilé ne fut naturellement pas nommé. Cette féerie n’a d’ailleurs qu’un très lointain rapport avec le Beau Pécopin.
  2. Les correspondants d’Hippolyte Lucas. Les Annales romantiques, juin 1905.
  3. Inédite.