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cents francs. Je les paierai. Je te donne ces neuf cents francs, et toi aussi, tu continueras de recevoir ta pension tout entière. Quant à tes livres, je les accepte, non pour moi, mais pour la bibliothèque de Hauteville-house, qui est à vous, afin qu’un jour ces livres, si tu en as besoin, te rappellent ici. — Tels sont mes verdicts.

Mes embarras et ma surcharge à cette fin d’année ont été tels que me voilà, moi aussi, avec des dettes de tous les côtés. J’y ferai face ; mais malheureusement le roman ne sera pas prêt[1].

À cause des fermetures de banque et des intermittences de poste je ne pourrai vous envoyer d’argent que mercredi 2 janvier. Vous recevrez en conséquence le 4 ou le 5 une traite sur Paris de 1 800 fr. Je continue de recommander à Alice le délabrement de mes finances.

Charles, le vers de Marion de Lorme est toute une histoire. Je l’avais fait ainsi :

Hélas ! que diraient ceux qui me voyaient si gaie

Mme Dorval a trouvé plus dans sa voix de dire :

Ah ! qu’est-ce qu’ils diraient ceux qui m’ont vu si gaie

Grosse faute. Tu as raison. Et l’on a imprimé sur son rôle où elle avait fait l’incorrection, la correction, de sa main. Cela m’a échappé. Je rectifierai, si j’en ai le temps. Sinon, vous rectifierez, vous, dans l’édition princeps que vous ferez après ma mort. Continue-moi, mon Charles, ces excellentes revisions de mon vieux texte altéré par les imprimeurs et les copistes[2].

5 heures du soir. Je n’ai plus que le temps de fermer cette lettre. La grosse mer apporte et remporte en hâte le packet.

Je reçois à l’instant la nouvelle que les yeux de votre mère vont on ne peut mieux. Elle n’attend pour partir que la permission du médecin. — Je finis cette lettre comme je l’ai commencée, par un tendre embrassement[3].

  1. L’Homme qui rit.
  2. Cette lettre n’ayant pas encore été, lors des réimpressions de Marion de Lorme, déposée à la Bibliothèque, la faute a été maintenue dans toutes les éditions.
  3. Bibliothèque Nationale.