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lettres ont dû vous parvenir, puisque je crois avoir reçu des réponses. Ces réponses, ce sont de cordiales et amicales paroles que m’apporte le Charivari. Aujourd’hui, je lis une noble page de vous sur Les Travailleurs de la mer. Vous parlez de ce livre magnifiquement. J’ai voulu glorifier le travail, la volonté, le dévouement, tout ce qui fait l’homme grand ; j’ai voulu montrer que le plus implacable des abîmes, c’est le cœur, et que ce qui échappe à la mer n’échappe pas à la femme ; j’ai voulu indiquer que, lorsqu’il s’agit d’être aimé, tout faire est vaincu par ne rien faire, et Gilliatt par Ébenezer ; j’ai voulu prouver que vouloir et comprendre suffisent, même à l’atome, pour triompher du plus formidable des despotes : l’Infini. Toutes ces choses, vous les faites pressentir magistralement dans ces quelques lignes si pleines d’idées. Vous savez comme j’aime votre fier et franc talent, où l’esprit assaisonne en doses exquises la conscience et la dignité. Vous êtes avec le progrès ; vous comprenez la révolution littéraire aussi complètement que la révolution politique. C’est ce qui fait de vous un chef d’intelligences. Je vous serre les deux mains[1].


Madame Victor Hugo[2],
4, Place des Barricades.


H.-H., 3 avril [1866].

Je t’écris au dos d’une lettre de M. Bérardi bien cordiale que je t’envoie. Chère bien-aimée, tu dois te tromper dans ce que tu m’écris. Il est impossible que j’aie contristé Meurice. Si cela était, j’en serais plus que désolé. Jamais ami plus tendre et plus vrai n’a été plus vraiment et plus tendrement aimé de moi. Écris-le-lui tout net, je te prie. Je ne lis de journaux que ceux qui viennent ici. M. Wolff ne m’est connu que comme ancien rédacteur du Charivari, ayant été très bien pour Les Misérables. De là ma lettre. Du reste, dans cette lettre, je soutiens énergiquement mes amis. — Quant aux frontispices, je n’ai écrit qu’après une foule de réclamations, m’arrivant de toutes parts. Si je ne les ai pas envoyés directement à Auguste, et si je les ai fait passer par Bruxelles, c’est qu’Auguste m’avait prévenu qu’une lettre de moi à lui avait été ouverte (zèle du nouveau Piétri) et vidée, et j’ai craint que ce gros paquet ne fût intercepté et plus ou moins pillé par les gens de police. C’est pour le même motif que, tout en envoyant à Auguste un duplicata de ma lettre à M. Duvernois, je l’ai envoyée en même temps directement à La Liberté. Elle y a paru, en effet, criblée de fautes, au point

  1. Collection Louis Barthou. Conférencia, 15 février 1921.
  2. Inédite.