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mante comme un service rendu au genre humain, et quand cette page est écrite par vous, elle a une lumière double, la gloire s’ajoutant à la vérité.

Vous êtes triste, ô consolatrice. Ceci augmente votre grandeur. Laissez-moi vous dire que je suis profondément ému[1].


À Madame Victor Hugo. À ses fils[2].
Ma femme et mes enfants.


H.-H., 5 Xbre [1865].

J’enverrai par le prochain courrier le bon pour l’exemplaire de mes œuvres complètes destiné à M. Bérardi. Il y a en effet plus que droit.

Mes bien-aimés, je vous demande de ne pas insister, en ce moment du moins, près de MM. Verboeckhoven et Lacroix pour avoir communication, soit du manuscrit, soit des épreuves des Travailleurs de la mer. J’ai pour cela les raisons les plus sérieuses. J’ai plus d’ennemis que jamais, rien ne doit transpirer de ce livre, et il faut que toute la responsabilité reste sur les éditeurs. Je leur ai recommandé un secret absolu. Insistez de votre côté sur l’importance de ce secret, et donnez l’exemple en ne réclamant aucune communication. De cette façon, je pourrai exiger le huis-clos des épreuves, nécessaire plus que jamais, j’y insiste, et vous le comprenez. Aidez-moi. C’est une marque d’affection que je vous demande. Dès que je croirai possible, et sans inconvénient, de vous communiquer les bonnes feuilles, vous les aurez. En attendant, aidez-moi et aimez-moi. La haine est plus aux aguets que jamais ; il faut la déjouer.

Tendre embrassement à tous[3].


À Paul de Saint-Victor.


Hauteville-House, 10 décembre 1865.

La solitude serait pesante sans la communion avec les grands esprits. Je les cherche dans le passé, et ils me répondent ; je les cherche dans le présent, et ils me répondent aussi. Mes livres sont les lettres que je leur écris. Vous venez de m’accuser réception des Chansons des Rues et des Bois[4].

Vous avez lu ce livre et vous en parlez magnifiquement. Vous avez le don de formuler l’art en une ligne et d’écrire un poëme en une page. Votre cri-

  1. Archives de Mme  Lauth-Sand.
  2. Inédite.
  3. Bibliothèque Nationale.
  4. La Presse, 7 décembre 1865.