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À Madame Victor Hugo[1].


H.-H. 29 mars [1865].

Chère amie, un mot en hâte. Je travaille dès le point du jour et le temps me manque pour écrire de longues lettres. Aujourd’hui j’ai terminé la deuxième partie de mon livre[2]. Il sera en trois parties. La troisième sera la plus courte. Je ne perds pas un instant. Du reste, je ne veux partir qu’ayant tout fini. La bonté du voyage, c’est de ne plus travailler. — Voici les nouvelles : le mal de jambe a quitté Virginie et pris Marie. — Sénat justifie son nom Cœna en faisant tous les soirs la cène avec nous chez notre voisine qui le gâte comme s’il était Lux en personne. — On m’écrit de Paris des choses qui doivent tenir en garde contre les demandes d’argent de M. Chenay. Je crains qu’il n’ait cherché (réussi peut-être) à emprunter ici de l’argent à E. Le Ber (après avoir essayé l’an passé sur Marquand). — M. Marquand est venu ce matin m’annoncer son mariage avec Mme  de Garis. Il me prie d’être son témoin. Il se marie le 12 avril. (Mon Victor, écris donc, je t’en prie, à cette excellente madame de Putron). — Ce matin, Julie m’a parlé du désir qu’elle aurait d’aller à Paris. Je lui ai dit : Si c’est pour rester près de ton mari, à merveille, et j’en serai charmé. Si c’est pour revenir, je te prie de ne pas faire coïncider ton absence avec la mienne. Si tu pars la première, j’attendrai ton retour. Moi parti, mes manuscrits (trois malles maintenant) restent dans la maison, plus tous mes travaux préparés pour le livre 93, etc., etc. Il importe que quelqu’un de plus qu’une domestique soit là. Marie est de bonne garde. Mais elle ne pourrait m’écrire et m’avertir, si de certains accidents possibles se produisaient. Julie a trouvé tout cela fort juste, et il a été convenu que l’un de nous deux resterait ici quand l’autre serait absent.

Chère amie, tu n’aurais probablement pas écrit la lettre en question, si tu avais su des choses que tu ignores et que je te dirai.

Mon Victor, voici mon épreuve corrigée. Le titre est provisoire. Il m’en faut une 2e. Fais toi-même les corrections anglaises et les substitutions de noms que tu m’indiques. Veille bien à ce que ce ne soit point publié séparément. — Mon Charles, notre voisine est dans l’enchantement de toi et de ta lettre. — Je vous embrasse et je vous embrasse et je vous embrasse, voilà pour trois, mes bien-aimés.

J’écrirai à M. Rogeard[3]. Envoie-moi ta dédicace coupée, sur laquelle je

  1. Inédite.
  2. Les Travailleurs de la mer.
  3. Rogeard, ancien combattant du coup d’État, venait de publier Les propos de Labienus, violente critique du régime impérial. La lettre de Victor Hugo à Rogeard est publiée dans le Reliquat de Pendant l’exil. Édition de l’Imprimerie Nationale.