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petite affaire de mon répertoire interdit, et non moi[1]. Ce serait l’avortement de la question. Elle ennuie un peu le gouvernement, et puisqu’elle est pendante, qu’elle reste pendante. C’est mon avis, c’est notre avis, ce sera, je pense, aussi le vôtre. Lisez cette lettre à Beauvallet, et soyez assez bon pour la lui transmettre. Je ne doute pas que vous l’approuviez. Il serait utile, je crois, qu’elle parût dans les journaux qui ont publié la nouvelle, Le Temps, La Presse, etc. Je confie le tout à votre sûre et douce amitié.

V.

Mon pauvre cher Victor et sa bonne mère partent demain pour Bruxelles. Me revoilà triste, hélas ! car la famille est un gros morceau du cœur.

Si vous avez le temps de voir Beauvallet, et d’achever l’explication de ma lettre par quelques paroles, ce serait, je crois, excellent[2].


À François-Victor.


H.-H. Dimanche [22 janvier].

Mon pauvre Victor, mon enfant bien-aimé, calme et apaise ton pauvre cœur[3]. J’espère que Bruxelles te fait déjà du bien. J’attends mardi une lettre de toi me donnant de bonnes nouvelles.

Tous les journaux, même le Times, ont mis mon allocution[4]. Je t’ai envoyé mon manuscrit par Lacroix. Tu recevras en même temps que lui les numéros du Star et du Mail and Telegraph. La sympathie et l’émotion sont universelles ici.

  1. Extrait de journal collé sur la lettre : — « Dans un temps comme le nôtre, il n’y a pas de petits faits, et tout ce qui émane du gouvernement a une signification qu’il ne faut ni exagérer ni méconnaître. Nous attachons donc une certaine importance à l’autorisation donnée à M. Beauvallet, par M. Duruy, de lire aux conférences de la rue Cadet : Hernani, Le Roi s’amuse, et les autres drames de Victor Hugo... Mais si M. Duruy croit, avec raison, que Don Carlos, Triboulet, François Ier et tous les personnages mis en scène par le poëte peuvent être, sans danger, présentés au public, pourquoi l’autorité paraît-elle penser qu’il n’en serait pas de même au théâtre, et pourquoi ne peut-on jouer les pièces qu’il est permis de lire publiquement ? Quand donc laissera-t-on à la Congrégation de l’Index ces procédés d’un autre âge ? »
  2. Bibliothèque Nationale.
  3. La fiancée de François-Victor, Mme  Émily de Putron, était morte le 14 janvier ; le 18, Mme  Victor Hugo avait emmené son fils à Bruxelles pour le soustraire aux émotions de l’enterrement.
  4. Victor Hugo avait prononcé sur la tombe une allocution dont il avait envoyé le manuscrit à François-Victor.