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À Madame Victor Hugo[1].


Jersey 17 juin [1860]. Dimanche matin.

Chère amie, nous comptons toujours vous arriver mardi matin. Je pense que Hetzel et Deschanel viendront deux jours à Guernesey. Prépare le déjeuner pour eux comme pour nous. J’espère que ma chère petite Adèle est mieux. Embrasse-la bien pour moi. Si tu vois l’excellent M. Marquand, donne-lui sur la fête qu’on nous fait ici tous les détails que tu as. Du reste il a dû tout voir dans les journaux et le journal de Harney lui a tout apporté dès le vendredi matin. L’accueil de ce bon petit peuple est charmant, je regrette bien qu’Adèle et toi vous n’en ayez pas joui, mais nous reviendrons et vous reviendrez avec nous. Tout le monde nous le fait promettre. Figure-toi que les murs sont couverts d’énormes affiches portant ceci :

Victor Hugo
has arrived !


Nous devions faire aujourd’hui le tour de la ville dans une façon de voiture omnibus, mais il pleut, et je pense que nous resterons. Nous déjeunons tous ce matin à la Pomme d’or chez Hetzel et ce soir nous dînons chez Asplet (Charles). Tes fils sont charmants et tout est bien. Sois heureuse et aime-nous. Nous t’aimons bien.

Je vous embrasse tendrement toutes deux[2].


À Paul Chenay.


Hauteville-House dimanche 24 juin 1860.

Mon excellent et cher beau-frère, salut. Vous avez fait une fort belle chose que M. Hetzel nous apporte, mon portrait d’après la photographie. Cela est parfait de réalité, de vie, de finesse, de pensée, de regard. Pour que ce fût ce qu’est votre pendu, tout à fait un chef-d’œuvre, il suffirait de bien peu de chose. Vous n’auriez qu’à enlever un gonflement qui, peu marqué à la joue gauche, (je parle de la gauche et de la droite, non du portrait, mais du spectateur), est très sensible à la joue droite. Quelques retouches

  1. Inédite.
  2. Communiquée par la librairie Cornuau.