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parlé de vous. Mais vous, vivez. Vivez pour la lutte qui a besoin de cœurs lumineux et de fronts rayonnants tels que vous.

Je vous serre la main.

Victor Hugo[1].


À Louise Colet[2].


Hauteville-House, 17 mars [1857].

Vacquerie m’a apporté votre charmante et noble lettre. De grâce, ne prenez jamais mon silence pour de l’oubli. Je travaille, je songe, j’ai les yeux sur tous ces infinis qui m’entourent ; de là une sorte d’absorption dans le rêve et dans l’idéal ; mais vous, poëte, est-ce que vous ne comprenez pas que cela n’empêche point d’aimer qui nous aime ?

Certes, vous le savez mieux que personne ; car vous n’ignorez rien des choses de l’âme et des choses du cœur, ayant toutes les éloquences, toutes les mélancolies et toutes les effusions. Vous m’avez envoyé des vers superbes. Ôtez-leur ce qu’ils ont de personnel ; ils seront plus beaux encore. Ne perdez point votre temps à maudire un homme, vous, prêtresse de l’humanité. Oubliez vos blessures et ne voyez que la grande plaie. Montez, montez plus haut, toujours plus haut ; planez, c’est votre devoir d’aigle.

Quand vous reverrai-je ? Jamais peut-être. Il me semble qu’on est bien heureux en France en ce moment. Bonheur de cloaque, mais bonheur. À ce qu’on dit du moins. Je ne l’envie pas, ce bonheur, j’aime l’exil. Il est âpre, mais libre ; il est sombre, mais visité quelquefois par un rayon. N’êtes-vous pas venue l’an passé ?

Je vous baise la main.

V.[3]


À Paul Meurice.


5 avril [1857].

C’est par Dumas que je vous envoie ce mot. Il est venu nous voir deux jours. Des visites comme la sienne et comme la vôtre nous font l’effet d’une

  1. Communiquée par L’Institut d’Histoire sociale. Amsterdam.
  2. {sc|Gustave Simon}}. Victor Hugo et Louise Colet. Revue de France, juin 1926.
  3. Inédite.