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neuve ?[1] Il me semble qu’avant d’en venir à des actes judiciaires, puisque lui, mon avocat et mon ami, est dans l’affaire, l’affaire peut très simplement s’arranger par lui. Il a plaidé excellemment pour moi dans le procès contre Rengaine pour Lucrèce et Hernani ; personne n’est plus que lui pénétré de mon droit ; puisqu’il est l’ami et le conseil de M. Calzado, il lui sera aisé de faire comprendre à ce directeur nouveau (et évidemment honnête homme puisque Paillard de Villeneuve l’appuie), que le Théâtre Italien me vole depuis deux ans à la faveur d’un arrêt qui n’est autre chose qu’un coup de haine contre un proscrit. Je suis décidé, quant à moi, à toute revendication ultérieure, à moins que le Théâtre Italien, mieux inspiré et mieux conseillé, ne reconnaisse son exaction et mon droit. Paillard de Villeneuve peut être et sera évidemment volontiers cette inspiration et ce conseil. M. Calzado comprendra, et en me restituant mon droit sur Lucrèce et Hernani, méritera que je lui concède Rigoletto, ce que je ferai dans ce cas-là de grand cœur. L’affaire, grâce à Paillard de Villeneuve, est donc évidemment très arrangeable. Voulez-vous lui en parler ? Au cas très improbable où la conciliation, qui me semble si facile, échouerait, alors l’huissier marcherait et, en quittant bien à regret Paillard de Villeneuve, j’aurais recours à mon autre éloquent et excellent ami Crémieux. Tout cela ne vous paraît-il pas sage ? Je le remets à votre diligente amitié.

Mes plus tendres respects à madame Paul Meurice.

À vous tout mon cœur[2].
Victor Hugo.


À Schœlcher[3].


Hauteville-House, 12 janvier [1857].

Vos lettres, cher ami, sont toujours des joies dans notre groupe auquel vous manquez, et où votre place est restée vide. Je vous envoie un mot pour notre excellent ami Eugène Sue. Je bats des mains à sa guerre au catholicisme[4], je vais même plus loin que lui, car je crois que le christia-

  1. « Les journaux annoncent les répétitions de Rigoletto. J’ai vu les Escudier, mandataires de Verdi. Ils font cause commune avec vous pour empêcher les représentations du Théâtre Italien. Ils vous conseillent de ne pas attendre l’annonce de Rigoletto sur l’affiche, et d’envoyer un huissier pour empêcher l’annonce même ; sinon, on va en référé au dernier moment, et le référé autorise la représentation, sauf jugement… Paillard de Villeneuve est l’avocat, l’ami, le bras droit judiciaire de Calzado. Ne feriez-vous pas mieux de prendre pour avocat Crémieux ? Envoyez-moi vos instructions le plus tôt possible. Il y a urgence ». (Lettre de Paul Meurice, 1er janvier 1857).
  2. Correspondance entre Victor Hugo et Paul Meurice.
  3. Inédite.
  4. Eugène Sue venait de publier ses Lettres sur la question religieuse. La dernière est datée 16 novembre 1856.