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Vous avez cent fois raison — Les Enfants[1], par Victor Hugo, voilà le vrai titre. J’enverrai à Hetzel l’extrait de votre lettre. — Et puis, laissez-moi, vu le premier de l’an, vous donner cette carte, ou pour mieux dire, ce petit bout de carton. C’est une adresse de mon bottier de Guernesey, Gruchy, qui se dit parent du Maréchal, par parenthèse[2].

C’est égal, ma fille est hors de danger. J’ai le cœur bien content.

Tuus vester.

Je vois Esmeralda jouée. — J’en suis ravi. — J’ai bien besoin de quelques liards. — Quant à Rigoletto, tout pourrait s’arranger si le théâtre reconnaissait mon droit sur Hernani et Lucrèce, c’est-à-dire renonçait à me voler. Qu’en dit Paillard de Villeneuve ?[3]


Aux Étudiants de Paris.


1856.

Mes jeunes et vaillants concitoyens, votre lettre si noble et si cordiale m’est parvenue dans ma solitude et m’a vivement touché. J’ai peu d’instants à moi ; l’exil n’est pas une sinécure, vous le savez ; et je profite du premier moment dont je puis disposer pour vous répondre et pour vous remercier. Courage et persévérez !

Vous êtes de ceux sur qui l’avenir a les yeux ; parmi les noms qui signent la précieuse lettre que je reçois, j’en vois qui signifient talent, j’en vois qui signifient exemple ; tous signifient générosité, intelligence, vertu. Vous entrez jeunes dans l’épreuve, félicitez-vous-en. Vos souffrances noblement supportées vous placent à la tête de votre génération. Soyez toujours dignes de la guider. Que rien ne vous ébranle et ne vous décourage, l’avenir est certain. Attendez-le dans la douleur et les ténèbres du moment présent, comme dans la nuit on attend l’aube, avec une foi tranquille et absolue. Travaillez et marchez ; pensez et vous trouverez ; luttez et vous vaincrez.

Je vous serre à tous la main comme à mes frères, comme à mes enfants.

Victor Hugo[4].
  1. Le titre définitif : Les Enfants, avait été proposé par Paul Meurice. Ce recueil, publié en 1857, groupe les plus belles poésies de Victor Hugo sur l’enfance.
  2. Pour envoyer un petit dessin à Paul Meurice, Victor Hugo avait pris le premier bout de carton qui lui était tombé sous la main.
  3. Correspondance entre Victor Hugo et Paul Meurice.
  4. Coupure de journal. Archives de la famille de Victor Hugo.