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idées vraies, doit, comme nous tous, ne le pensez-vous pas, son concours le plus cordial et le plus absolu à ce jeune et glorieux candidat, que je n’hésite pas, pour ma part, à ranger parmi les plus charmants esprits et les plus éminents poëtes de notre temps et de tous les temps.

Au reste, je ne fais là que vous dire ce que vous pensez et que vous rappeler ce que vous faites. Vous n’avez, pour satisfaire les plus généreuses consciences, qu’à rester d’accord avec vos traditions de tous les jours. Si j’étais à Paris, je vous le dirais ; je suis à la campagne, je vous l’écris. Vous me le pardonnerez, n’est-ce pas ?

Je vous serre la main.

Victor Hugo[1].
17 août [1850].


À Auguste Vacquerie[2].


Cher Auguste, au lieu de vous serrer la main, je vous écris, c’est triste. Au lieu d’aller chercher le beau soleil que vous voyez et les beaux vers que vous faites, je tends ma gorge, non au fer de Calchas, mais au nitrate d’argent du docteur Louis. C’est hideux.

Pensez un peu à moi. Je ferai effort pour vous aller voir, j’en ai bien besoin et bien envie. Cependant M. Louis me dit d’attendre encore. Mais je m’échapperai, je l’espère. À vous — toujours et du fond du cœur.

V.
[2 7bre 1850.]

Tous mes respects à madame votre mère et à madame votre sœur[3].


À Ziegler[4].
Mon cher Ziegler,

La personne qui m’envoie cette lettre pour vous la faire parvenir est une mère dont la fille est morte. Il s’agit d’un pauvre enfant, et c’est la vieille aïeule au bord de la tombe qui me prie, et c’est la femme morte couchée dans sa fosse qui vous supplie.

  1. L’Évènement, 18 août 1850.
  2. Inédite.
  3. Bibliothèque Nationale.
  4. Inédite. — Ziegler, peintre de talent, eut des tableaux acquis par différents musées de France. Il fonda, près de Beauvais, une poterie qui porte son nom.