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fâcheuses sur mon compte, et moi, ce que j’aurais demandé à Dieu, ce que je lui demande encore, ce serait de t’avoir eue en tout temps comme aujourd’hui pour invisible témoin de mes actions les plus importantes ainsi que les plus indifférentes.

Le témoignage d’une conscience pure m’est cher, c’est le seul côté par lequel je sois digne d’être aimé de toi. C’est aussi là le seul orgueil que je me sente ; toutes les autres fumées m’étourdissent peu, et en vérité si jamais je voulais ce qu’on appelle la gloire, ce serait pour toi seule.

Il faut finir et cependant que j’ai encore de choses à te dire ! Ne me parle plus de toi, ma bien-aimée Adèle, comme d’une femme ordinaire ; sois modeste tant que tu voudras, mais ne me force pas à l’être quand il s’agit de toi.

Adieu, porte-toi bien. Je t’embrasse tendrement. Adieu, adieu ; surtout porte-toi bien.

Ton mari fidèle et respectueux,
Victor.


Tu me parles à d’une artiste pour laquelle tu me demandes de l’estime[1]. Je ne demande pas mieux ; mais pourquoi est-elle artiste ? Tu connais là-dessus mes invariables idées, plutôt du pain et de l’eau ! Mais enfin puisque tu l’aimes, cela prouve pour elle.

  1. « ... Tu as tort aussi de prendre une mauvaise opinion de Mme Duvidal, puisque je l’aime un peu tu devrais penser qu’elle mérite quelque estime. » (Reçue le mardi 30 8ère 1821.)