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À Théophile Gautier.


28 juillet [1847].

Vous croyez, ô Albertus, qu’il vous suffit d’écrire de ravissantes choses sur la Hollande et de charmantes choses pour moi, et que je n’ai plus rien à désirer. Mais non, je veux mon chat !

C’est cela ! vous vous en allez, et vous laissez une jolie femme en proie aux souris, et moi en proie à la jolie femme ! Je réclame mon chat !

Et, pour ses quatre griffes, je vous offre mes deux mains.

tuus.


À Mademoiselle Alice Ozy[1].
Mlle Alice Ozy, la charmante actrice du théâtre des Variétés, avait demandé à Victor Hugo de faire pour elle quelques vers. Il lui avait envoyé ce quatrain :

Platon disait, à l’heure où le couchant pâlit :
— Dieux du ciel, montrez-moi Vénus sortant de l’onde !
Moi, je dis, le cœur plein d’une ardeur plus profonde :
— Madame, montrez-moi Vénus entrant au lit ![2]


Billet d’Alice Ozy :

Grand merci, monsieur ! Les vers sont charmants, un peu légers peut-être si je me comparais à Vénus, mais je n’ai aucune prétention à la succession.


Réponse de Victor Hugo :

Un rêveur quelquefois blesse ce qu’il admire !
Mais si j’osai songer à des cieux inconnus,
Pour la première fois aujourd’hui j’entends dire
Que le vœu de Platon avait blessé Vénus.

  1. Brouillon. Archives de la famille de Victor Hugo.
  2. Variante au verso du brouillon :
    À cette heure charmante où le couchant pâlit,
    Où le ciel se remplit d’une lumière blonde,
    Platon souhaitait voir Vénus sortir de l’onde,
    Moi, j’aimerais mieux voir Alice entrer au lit.