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Je n’ai pas besoin de vous redire, n’est-ce pas, tout ce qu’il y a dans ma sympathie pour vous de haute estime et de vive admiration.

Victor Hugo.
Paris, 14 décembre 1840[1].


À Chateaubriand.


Décembre 1840.

Après vingt-cinq ans, il ne reste que les grandes choses et les grands hommes. Napoléon et Chateaubriand. Trouvez bon que je dépose ces vers[2] à votre porte. Depuis longtemps vous avez fait une paix généreuse avec l’ombre illustre qui les a inspirés.

Permettez-moi de vous les offrir comme une nouvelle marque de mon ancienne et profonde admiration.

Victor Hugo[3].


1841.


À Savinien Lapointe[4].


Mars 1841.

Si vos vers, monsieur, n’étaient que de beaux vers, j’en serais moins ému peut-être, mais ce sont de nobles vers. Je suis mieux que charmé, je suis touché. Je vous remercie du fond du cœur. Continuez, monsieur, votre double fonction, votre tâche comme ouvrier, votre apostolat comme penseur. Vous parlez au peuple de près, d’autres lui parlent de haut ; votre parole n’est pas la moins efficace. Vous êtes bien partagé, croyez-moi.

Courage donc, et patience, monsieur. Courage pour les grandes douleurs de la vie, et patience pour les petites. Et puis, quand vous avez laborieuse-

  1. Correspondance de Thiers. Bibliothèque Nationale. Nouvelles acquisitions françaises. — Thiers répondit le 16 décembre :
    Mon cher Monsieur Hugo, je vous remercie de vos beaux vers. Ils m’ont fortement remué. Je garderai la lettre qui les accompagne, car les sympathies d’un homme tel que vous consolent de bien des traverses. J’espère que nous serons le mois prochain en majorité suffisante et que nous vous mettrons où vous devriez être depuis si longtemps (à l’Académie).
    Adieu, mille amitiés.
    A. Thiers.

    Venez me voir plus souvent.
  2. Le Retour de l’Empereur.
  3. Chateaubriand fit à Victor Hugo la réponse suivante :
    Ce soir, 18 Xbre 1840.
    Je ne crois point à moi, Monsieur, je ne crois qu’en Bonaparte ; c’est lui qui a fait et écrit la paix qu’il a bien voulu me donner à Sainte-Hélène. Votre dernier poëme est digne de votre talent ; je sens plus que personne l’immensité du génie de Napoléon, mais avec les réserves que vous avez faites vous-même, dans deux ou trois de vos plus belles odes ; quelle que soit la grandeur d’une renommée, je préférerai toujours la liberté à la gloire.
    Vous savez, Monsieur, que je vous attends à l’Académie.
    Dévouement et admiration.
    Châteaubriand.
  4. Savinien Lapointe était poëte et cordonnier.