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bien aimée de ton petit père. Ma Didine, mon Charles, mon Toto, je vous écrirai de Mayence, où je trouverai toutes vos lettres. Je vous embrasse tous mille et mille fois, ainsi que votre bonne mère, mes enfants, ma joie, ma vie. Pensez à moi et priez pour moi soir et matin. Je songe à vous sans cesse de mon côté.

Je serre la main de ton excellent père. Je désire que tous mes griffonnages l’intéressent et l’amusent, et je compte qu’il me rectifiera au besoin.

Encore un bon baiser pour toi, chère amie. Tu vois bien que j’en ai la place[1].


À Madame Victor Hugo.


Mayence, 1er octobre 1840.

Je devrais te gronder, chère amie, de ne m’avoir écrit que si peu de lignes ; mais, comme ces lignes étaient douces et tendres, je te pardonne pour cette fois, à condition que tu ne recommenceras plus et que tu m’écriras, à Trèves, au moins une bonne et longue lettre. Tu dois comprendre qu’après une absence qui me semble déjà bien longue, j’ai besoin de savoir un peu ce qui se passe à Paris ou du moins à S-Prix. Ainsi écris-moi sur toutes les choses que tu sais pouvoir m’intéresser, tous les détails que tu auras. Je pense que quelques-uns de nos amis viennent te voir à St-Prix. Redis-moi ce qu’ils te disent. Voici des lettres pour tous les enfants, pour Julie et pour ton bon père. J’ai appris avec bien de la joie que Julie allait tout à fait bien. As-tu reçu Mme  Ménessier ? Lui as-tu écrit au moins ? L’as-tu invitée ? N’oublie pas, chère amie, de faire quelque chose d’amical de ce côté-là, ce sont des amis de dix-sept ans ! Je vais voir Manheim, Heidelberg et Francfort ; puis, si le temps se soutient, je redescendrai le Rhin et je suivrai le cours de la Moselle, comme je te l’ai déjà écrit. Ma prochaine lettre te portera la suite de mon Journal.

Remercie bien ton père pour moi, dis-lui que je compte sur une lettre de lui à Trèves. Sa lettre à Mayence m’a fait un vif plaisir.

Voici des tas de dessins pour les enfants. J’ai tâché de faire à tous part égale. Ils ont tous part égale dans mon cœur.

J’ai visité Bingen, Rudesheim, la fameuse Tour des Rats ; j’explore en ce moment Mayence qui est du plus haut intérêt. Ce voyage aura été de la plus grande utilité pour moi — et, j’espère, pour vous tous. En terminant, chère amie, je te rappelle encore combien je désire avoir à Trèves un bon et long message de toi (au moins un). Dis-moi si ce Journal t’intéresse. Tu sais que, toi et nos enfants bien-aimés, voilà l’objet exclusif de mes travaux dans ce monde. Un jour, je vous laisserai à tous l’édifice quelconque

  1. Archives de la famille de Victor Hugo.