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Encore quelques heures, et je t’embrasserai sur tes deux bonnes petites joues, et mon gros Charlot, et ma petite Dédé qui me sourira, j’espère, et mon pauvre Toto l’exilé.

À bientôt, ma Didine. Garde toujours cette lettre. Quand tu seras grande, je serai vieux, tu me la montreras, et nous nous aimerons bien ; quand tu seras vieille, je n’y serai plus, tu la montreras à tes enfants et ils t’aimeront comme je t’aime. — À bientôt.

Ton petit papa,
V.[1]
Étampes, 19 août 1834.


À Monseigneur le duc d’Orléans.
Prince,

Votre Altesse Royale accueillera-t-elle la prière d’un inconnu pour un inconnu ? Je n’ose l’espérer ; cependant je croirai avoir rempli mon devoir de conscience en essayant.

Voici une lettre qui m’arrive. Elle est mêlée à une foule d’autres qui me demandent aide et secours, à moi pauvre et inutile poëte. Celle-ci m’a ému et intéressé entre toutes. Je n’en connais pas le signataire. Mais si les faits sont vrais (et le ton de sincérité de la lettre me porte à le croire), ils méritent attention. C’est un père qui supplie pour son fils ; c’est un vieux professeur qui supplie pour ses livres. Je renvoie cette lettre à Votre Altesse Royale ; Qu’elle me pardonne cette liberté. Nous sommes dans un moment où chacun met au jour son ambition, j’y mets la mienne aussi. Elle se borne à tâcher de faire un peu de bien, chétivement et obscurément, et à aider ceux qui en font de leur côté avec puissance et éclat. Le bien plaît à votre noble cœur ; il est toujours possible à votre haute fortune. Vous êtes de ceux qui le veulent et de ceux qui le peuvent. Il est tout simple qu’on s’adresse à vous[2].


À Monseigneur le duc d’Orléans.
Prince,

J’ai rempli les intentions bienfaisantes de Votre Altesse Royale. Qu’elle me permette de déposer à ses pieds le reçu du pauvre vieillard qu’elle a daigné secourir. La reconnaissance qu’il me charge d’exprimer à Votre Altesse Royale est sans borne. La mienne n’est pas moins profonde. Le gracieux

  1. Archives de la Famille royale de Victor Hugo.
  2. Copie faite par Mme Victor Hugo. Archives de la famille de Victor Hugo. Lettres publiées par Gustave Simon. Victor Hugo, le duc et la duchesse d’Orléans. Revue de Paris, 15 novembre 1906.