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À Mademoiselle Louise Bertin.


15 février 1833.
Mademoiselle,

Voilà enfin le scénario[1] en double copie, une pour vous, l’autre pour M. Véron[2]. J’ai pensé que vous pourriez avoir besoin de ce plan détaillé sous les yeux.

Je suis toujours dans l’incertitude pour la dernière scène. Je vous assure que ce n’est qu’une misère et pourtant il est fort difficile de trouver quelque chose qui ne soit pas ou tout à fait détaché du poème, ou plat et commun.

D’après ce que vous m’avez dit l’autre soir, je suis de votre avis sur l’apothéose, et je donne le ciel au diable.

Je voulais vous porter en personne ce paquet hier au soir. Mais ma femme m’a mené de droit divin à Bertrand et Raton, qui nous a prodigieusement, merveilleusement et incomparablement ennuyés.

Je joins au scénario le manuscrit, et les quelques chiffons de papier qu’il contenait.

À bientôt, mademoiselle. Nous ne voyons plus Édouard ; mais nous vous aimons de tout notre cœur.

V.


À Sainte-Beuve.


Ce dimanche [24 février 1833].

Je vous envoie, mon ami, un passage de Planche[3] auquel je ne comprends rien[4]. Il faut qu’il soit fou de se figurer que j’établirai jamais, je ne dis pas la moindre solidarité, mais le moindre rapprochement entre vous, Sainte-Beuve, et lui.

Vous savez bien, vous, que vous n’avez pas d’ami meilleur que moi.

V.[5]
  1. Scénario de la Esmeralda.
  2. Directeur de l’Opéra.
  3. Planche connut Victor Hugo en 1828 et, tout de suite, Victor Hugo le recommanda, l’aida de toutes façons, ce qui n’empêcha pas Gustave Planche, pour ses débuts dans la critique (l’Artiste, 1830), de malmener fort le poète. Il fut l’un des plus acharnés détracteurs de Victor Hugo.
  4. Cette lettre de Planche n’a pas été retrouvée. Dans l’article, fort malveillant d’ailleurs, que Planche consacra à Lucrèce Borgia (Revue des Deux Mondes, 15 février 1833), rien ne peut se rapporter au texte de ce billet. Dans le même numéro, Sainte-Beuve qui rédigeait, sans la signer, la Chronique littéraire, constate « ce beau et véritable succès de Lucrèce Borgia ». Dans une lettre (25 février) en réponse au billet de Victor Hugo, Sainte-Beuve dit que dans la chronique il s’était arrêté « là où il y aurait eu contradiction évidente entre l’article et la chronique ».
  5. Archives Spoelberch de Lovenjoul.