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À Victor Pavie.


17 septembre 1830.

Merci de votre bonne lettre, mon cher Pavie. Je suis heureux de savoir que vous vous portez bien, que vous avez retrouvé bien portants votre bon père, votre bon frère, et que vous pensez toujours un peu à moi dans l’étourdissement des vacances. Ce que vous me dites de ces vers[1] me va au cœur. Je les avais faits pour que vous les sentissiez ainsi. Dites à notre ami Théodore[2] qu’il a sa part de votre vive et belle imagination. Ce que j’ai lu de lui dans le Feuilleton m’a enchanté.

Ma femme est bellement accouchée, un peu après la mitraille et la canonnade, d’une petite fille à petite bouche, dont Sainte-Beuve est le parrain, que nous nommons Adèle et que nous baptisons dimanche. Nous boirons à votre santé.

Moi, cependant, je suis plongé jusqu’au cou dans Notre-Dame. J’empile page sur page, et la matière s’étend et se prolonge tellement devant moi à mesure que j’avance que je ne sais si je n’en écrirai pas la hauteur des tours.

Quant à Marion de Lorme, j’attends que le théâtre se réorganise, et je compte bien que vous serez à Paris. Vous savez que vos applaudissements sont la douceur de mes succès, si succès il y a.

À vous, toujours à vous et aux vôtres.

Victor.


À Victor Cousin[3],
14, rue d’Enfer-Saint-Michel[4].


23 7bre 1830.

Il s’est passé bien des choses, mon cher et honorable ami, depuis que je ne vous ai vu, et parmi celles que j’ai le plus applaudies, votre promotion au conseil de l’Instruction publique n’est pas le moins excellent résultat de notre excellente révolution. Vous êtes du nombre des hommes qui repré-

  1. Dicté après juillet 1830, vers publiés d’abord dans le Globe, puis insérés dans Les Chants du Crépuscule, en 1835.
  2. Frère de Victor Pavie.
  3. Victor Cousin, professeur de la faculté des lettres, auteur de nombreux ouvrages de philosophie, académicien, pair de France, conseiller d’État.
  4. Inédite.