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À Son Excellence le ministre de l’Intérieur,
en son hôtel.


Monseigneur,

Au nombre des suppressions qui ont été faites à mon drame de Hernani, il en est quatre contre lesquelles il m’est impossible de ne pas réclamer.

Ces suppressions me semblent d’autant plus difficiles à expliquer qu’aucune raison politique ne peut les motiver.

Si cependant elles n’avaient que peu d’importance, je ne ferais pas difficulté d’y souscrire, ne fût-ce que par amour de la paix. Mais, quoiqu’elles ne paraissent porter que sur des mots, elles attaquent l’ouvrage au cœur, en ôtent leur sens à deux des principales scènes. C’est ce qu’il me serait aisé de démontrer soit à Votre Excellence elle-même, soit à la personne qu’elle voudrait bien désigner pour s’en entretenir avec moi ; car je ne puis croire que de pareilles radiations soient définitives et sans appel.

J’ai l’honneur d’être avec respect, — Monseigneur, — de Votre Excellence, le très humble et très obéissant serviteur.

Vor Hugo,
11, rue N.-Dame-des-Champs.
Paris, 6 novembre 1829[1].


À Adolphe de Saint-Valry.


Paris, 18 décembre 1829.

Que vous êtes bon, mon ami, de vous souvenir toujours un peu de moi, qui ai l’air de vous oublier tous ! C’est que vous savez bien que je n’en ai que l’air. Vous avez quelque chose qui vous dit au fond du cœur qu’il est

  1. En marge de cette lettre une note : le renvoyer à M. le baron Trouvé. Le baron Trouvé était maître des requêtes et chef du bureau des théâtres. Voici la réponse de M. le baron Trouvé :
    « Monsieur, il m’est agréable d’avoir à vous annoncer que Son Excellence, faisant droit à vos observations, que je me suis empressé de mettre sous ses yeux, a bien voulu consentir au rétablissement de quelques passages supprimés dans Hernani. Vous êtes donc autorisé à laisser subsister sur le manuscrit les expressions suivantes adressées à don Carlos : Lâche, insensé, mauvais roi. — Agréez, etc. » (La Province d’Anjou [n° 51] 1935.)